AA / Washington / Hakan Copur

L'historien Yakov Rabkin estime que l'État d'Israël est la partie la plus forte dans le conflit l'opposant à la Palestine et qu'il devrait cesser de jouer la victime.

« Mon message au parti le plus fort, qui est Israël dans ce cas, est qu'il doit réviser son récit », a affirmé Yakov Rabkin, professeur d'histoire à l'Université de Montréal au Canada, interrogé samedi par l'Agence Anadolu (AA).

« Alors je pense que le parti fort doit arrêter de penser qu'elle est la victime. Vous n'êtes pas des victimes dans ce cas. Vous êtes les auteurs [de l'agression] », a déclaré l'historien s'adressant aux dirigeants israéliens.

Les manifestants protestant contre les expulsions planifiées de Palestiniens dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est ont été confrontés à la réaction violente et disproportionnée des forces de sécurité israéliennes. Des dizaines de personnes ont été blessées au cours des jours passés.

La situation s'est aggravée depuis que l'armée israélienne a commencé, lundi, à mener des frappes aériennes sur la Bande de Gaza.

Au moins 145 Palestiniens sont morts, dont 41 enfants et 23 femmes ; et plus de 1 100 personnes ont été blessées, selon le ministère palestinien de la Santé.

L'historien Yakov Rabkin a souligné l'obligation d'Israël d'agir dans le respect de la législation internationale et des droits de l'Homme.

« Il s'agit d'une machine militaire très sophistiquée qui attaque une population civile. Je pense qu'il s'agit d'un crime de guerre », a déclaré Rabkin rejetant l'utilisation du terme « conflit » pour décrire la violence entre Israël et la Palestine, et affirmant que cela n'est pas le cas du fait de la puissance disproportionnée utilisée par les forces israéliennes face à la résistance palestinienne.

« Parce que nous parlons essentiellement d'une population civile confrontée à l'une des machines militaires les plus sophistiquées de la région, la plus sophistiquée, sans vouloir offenser », a estimé Rabkin.

- « Netanyahu profite de la polarisation »

L'historien Yakov Rabkin a également affirmé que de nombreux politiciens « utilisent la guerre, des situations guerrières pour sauver leur peau ».

« Je ne peux pas entrer dans la tête du Premier ministre [israélien] [Benjamin] Netanyahu. Je ne sais pas pourquoi il a donné cet ordre, mais clairement cela ne lui fait pas de mal. De toute évidence, il profite de la polarisation de la société israélienne, et bien sûr ce genre d'hostilité augmente la polarisation, que nous voyons même dans les rues d'Israël », a-t-il ajouté.

Faisant référence à la politique des États-Unis, appliquée de longue date, « de protection d'Israël contre les critiques, et de censure internationale à l'ONU, Rabkin a estimé qu'« Il existe un consensus tacite selon lequel Israël devrait jouir d'une certaine impunité exceptionnelle ».

« Et ce qu'Israël fait, d'une certaine manière, n'est pas très différent de ce que les États-Unis ont fait dans différentes parties du monde. Il y a donc une certaine similitude. Je ne blâmerais pas [le Président américain Joe] Biden ou son administration. Ils agissent dans la continuité de toutes les administrations précédentes », a conclu l'historien.

* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez