Retailleau reconnaît des « relations polaires » entre la France et l’Algérie

- Le ministre français de l’Intérieur s’est refusé à tout commentaire sur le procès en appel de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour « ne pas gâcher la moindre chance » qu’il soit libéré.

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Les relations entre la France et l’Algérie « sont polaires » a affirmé dimanche le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, à l’antenne de BFMTV.

Le locataire de Beauvau considère que le pic de la crise a été atteint avec « la reconnaissance de la souveraineté » du Maroc sur la région du Sahara occidental mais affirme que « cette crise a dégénéré », accusant Alger « de ne pas respecter l’accord de 1994 » dont il affirme qu’il prévoit que « l’Algérie doit accueillir » tout « algérien qui n’a rien à faire » en France.

Face aux tentations qui perdurent entre les deux pays, Bruno Retailleau, s’est refusé à tout commentaire concernant le procès en appel de l’écrivain franco-marocain Boualem Sansal.

« Je ne tacherai pas la moindre chance pour la libération de Boualem Sansal. J’espère qu’on approche du dénouement mais je ne le croirai que lorsque je le verrai libre (…). Je ne ferai aucune déclaration qui puisse perturber le déroulement de ces opérations », a-t-il déclaré.

Cette prise de position du ministre de l’Intérieur intervient alors que le 10 ans de prison ont été requis mardi, en appel contre Boualem Sansal.

Incarcéré depuis novembre, il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à une peine de 5 années d’emprisonnement le 27 mars dernier, au terme de son procès en première instance.

Le parquet avait néanmoins requis, comme en appel, 10 ans de prison.

Dans le détail, Boualem Sansal est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation dont « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».

Au cours de la procédure judiciaire, il s’est justifié en indiquant qu’il n’avait aucune « intention de porter atteinte à l’Algérie » et qu’il n’a « fait qu’exprimer une opinion ».

Naturalisé français en 2024, l’écrivain est au cœur de vives tensions entre Alger et Paris. Le président français, Emmanuel Macron et plusieurs membres de son gouvernement ont appelé à sa libération.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. Les relations entre les deux pays se sont davantage dégradées à l’été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

En réaction, Alger a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.

Plus récemment et depuis plusieurs mois, les deux pays s’opposent quant à la politique migratoire voulue par la France qui tente de procéder à l’expulsion de ressortissants algériens en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, se heurtant à un blocage de la part d’Alger.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».

«Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré.