Paris plaide pour une relance du dialogue sur le nucléaire iranien

– La France insiste sur la voie diplomatique et exige la libération immédiate de ses deux otages.

AA / Paris / Ümit Dönmez

Christophe Lemoine, porte-parole du Quai d’Orsay, a réaffirmé jeudi 26 juin la position de la France sur le dossier iranien : soutien résolu à la diplomatie, refus absolu de voir l’Iran accéder à l’arme nucléaire et exigence de la libération de deux ressortissants français détenus à Téhéran.

Cette déclaration intervient après l’annonce d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, salué par Paris comme une « nouvelle positive ».

Par voie de déclaration, le porte-parole a rappelé que « depuis le 13 juin, nous avons suivi avec préoccupation les frappes échangées entre Israël et l'Iran, puis les frappes menées par les États-Unis contre trois sites nucléaires iraniens ». Il a ensuite salué le cessez-le-feu annoncé par Washington : « L'annonce par le président Trump d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran ce mardi est une nouvelle positive que nous saluons. »

Dans cette séquence de tension, la France martèle son attachement à la désescalade. « Nous avons appelé depuis le début des frappes à la désescalade et à un cessez-le-feu », a poursuivi Christophe Lemoine, ajoutant : « Il est en effet dans l'intérêt de tous d'éviter un nouveau cycle de violence. »

Le Quai d’Orsay veut faire de cette accalmie une opportunité pour renouer les fils du dialogue nucléaire. « Le cessez-le-feu doit permettre la reprise de négociations sur l'encadrement du programme nucléaire iranien ainsi que sur l'ensemble des défis sécuritaires posés par l'Iran. »

Pour cela, la Diplomatie française mise sur la relance du cadre multilatéral. « C'est dans cette optique que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avec ses homologues allemands, britanniques ainsi que la haute représentante de l'Union européenne, a rencontré le ministre des Affaires étrangères iranien vendredi dernier à Genève. »

La ligne française reste inchangée. « Seule une solution diplomatique peut apporter une réponse durable aux défis de sécurité posés par son programme nucléaire », a insisté le porte-parole. Il a rappelé qu’« en 2019, l'Iran a choisi de mettre fin à ses engagements pris dans le cadre du JCPOA » et que « plusieurs propositions d'accords révisés ont été proposées aux Iraniens qui n'ont malheureusement pas saisi ces occasions. »

Paris s’inquiète d’un durcissement du programme nucléaire iranien. « L'Iran s'est engagé dans une escalade de son programme nucléaire et l'accession de l'Iran à l'arme nucléaire menacerait gravement la stabilité régionale, la paix et la sécurité internationale. [...] L’Iran ne doit jamais pouvoir se doter de l’arme nucléaire. »

La France alerte également sur une échéance stratégique : « Le temps est compté d'ici l'échéance de la résolution 2231 au Conseil de sécurité des Nations unies qui est fixé au 18 octobre prochain. »

La coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est jugée indispensable. « La coopération de l'Iran avec l'AIEA [...] est essentielle et nous appelons à la maintenir. »

Sur le plan humain, la Diplomatie française est mobilisée pour ses ressortissants. « Nous sommes toujours particulièrement mobilisés pour nos deux compatriotes, Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus arbitrairement depuis trois ans comme otages d'État par la République islamique d'Iran », a déclaré Christophe Lemoine. Il a précisé que « le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères s'est entretenu par téléphone avec son homologue iranien récemment pour traiter du cas de nos otages ».

À la suite d'une frappe israélienne sur la prison d'Evin, à Téhéran, où seraient détenus les deux Français, le Quai d'Orsay a obtenu quelques garanties : « Nous avons reçu l'assurance que Cécile Kohler et Jacques Paris n'auraient pas été blessés dans la frappe israélienne qui a visé la prison d'Evin le 23 juin dernier. » Une demande d'accès consulaire a été formulée « de manière prioritaire ».


La déclaration de Christophe Lemoine intervient dans le sillage d’un conflit direct de douze jours entre Israël et l’Iran, débutant le 13 juin par une « attaque surprise » israélienne contre des installations nucléaires et militaires iraniennes, faisant plusieurs commandants du Corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) et scientifiques clés parmi les victimes, ainsi que plus de 200 civils selon les autorités iraniennes.

Israël a frappé en premier, estimant que Téhéran franchissait des « lignes rouges » avec son programme nucléaire. En représailles, l’Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël, provoquant une vingtaine de morts et une centaine de blessés chez l’adversaire avant que les États-Unis n’interviennent le 21 juin en frappant à leur tour trois sites nucléaires iraniens.

Le cessez-le-feu, négocié avec l’aide de Washington, a été effectif le 24 juin, après qu’Israël a mis fin à ses frappes 12 heures après l’Iran.