Méditerranée : Le navire de la Flottille de la liberté change de cap pour secourir 4 migrants irréguliers

- Jeudi, vers 15 heures GMT, les migrants secourus ont été récupérés par l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex et le bateau humanitaire a remis le cap sur Gaza

AA / Tunis / Salim Boussaïd

Parti dimanche 1er juin du port de Catane, sur l'île de Sicile, dans le sud de l'Italie, en direction de la Bande de Gaza, afin de briser le blocus qu'Israël impose à l'enclave palestinienne depuis 2007, le Madleen, bateau de la Flottille de la liberté (Freedom Flotilla) a changé de cap, jeudi, en direction de côtes libyennes pour porter secours à des migrants irréguliers en détresse en mer Méditerranée.

C'est ce qui ressort d'une série de publications sur "X" de l'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan, co-initiatrice de la traversée avec la militante écologiste suédoise, Greta Thunberg.

Selon la même source, le Madleen, bateau humanitaire emprunté par cette mission de bonnes intentions, a reçu un appel de détresse dans la nuit de mercredi à jeudi, alors qu'il était en plein cœur de la Méditerranée.

"On vient de recevoir un appel de détresse, très probablement une embarcation qui partait de la Libye, selon Frontex nous sommes les plus proches, on change de direction deux petites heures le temps d’y arriver et de pouvoir porter secours à l’embarcation", a fait savoir Rima Hassan sur son compte X.

L'appel provenait d'une embarcation de fortune transportant quelque 40 migrants soudanais fuyant la guerre dans leur pays.

A l'arrivée du Madleen, les garde-côtes libyens étaient déjà à l'œuvre pour secourir ces migrants voulant rejoindre l'Europe, selon les séquences vidéo et les commentaires partagés par la députée européenne, engagée aussi pour le droit international. Toutefois, 4 personnes se sont jetées à l'eau refusant de regagner les côtes libyennes.

"4 personnes se sont jetées en mer au moment de l’intervention de la Garde côtière libyenne, nous avons pu les secourir elles sont avec nous sur notre bateau", a ajouté Rima Hassan, affirmant que les personnes secourues refusaient de revenir en Libye et demandant aux garde-côtes grecs de les récupérer.

"Aidez-nous à obtenir des garde-côtes grecs qu'ils transfèrent en Grèce les quatre survivants que nous avons recueillis à bord de la Freedom Flotilla", a-t-elle plaidé avant de constater que "ces gens préféraient se jeter en mer que de revenir en Libye".

"L'Union européenne est responsable", a-t-elle soutenu.

Jeudi, vers 15 heures GMT, un bateau de Frontex, Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, chargée de gérer les frontières extérieures de l'Union européenne et d'aider les États membres à lutter contre la criminalité transfrontière, a pris en charge les 4 migrants secourus et le bateau humanitaire a remis le cap sur Gaza.

Pour rappel, une douzaine de militants sont à bord du Madleen, qui transporte "du lait infantile, 250 kg de riz, 100 kg de farine, 600 couches, des produits d’hygiène féminine, des fournitures médicales, des béquilles", selon une publication précédente de Rima Hassan.

"C’est un pansement au regard des besoins mais c’est le maximum que nous pouvions charger sur ce bateau", a-t-elle déclaré.

En réaction à cette action, Israël n'avait pas l'intention, au départ, d'empêcher le bateau humanitaire d'accoster à Gaza, mais le gouvernement Netanyahu a changé d'avis et a décidé d'empêcher le navire d'approcher du territoire palestinien pour éviter de "créer un précédent".

"Au début, il y avait une tendance en Israël de permettre au navire d'accoster dans la bande de Gaza tant qu'il ne représentait pas une menace pour la sécurité", a rapporté le radiodiffuseur public israélien (KAN), mercredi.

La décision d'empêcher le bateau d'approcher la Bande de Gaza a été également prise pour éviter que les militants ne restent à l'intérieur de l'enclave palestinienne, a ajouté la même source.

Le 2 mai, un autre navire baptisé "Conscience" avait tenté la traversée en direction de Gaza, à l'initiative d'organisation internationales. Il a été attaqué par des drones, ce qui a provoqué un trou dans la coque du navire et un incendie à son bord.

Ces initiatives interviennent alors que la guerre génocidaire israélienne se poursuit à Gaza, faisant pas moins de 54 607 morts dans les rangs de la population civile Palestinienne et 125 341 blessés, selon le dernier bilan établi par le ministère palestinien de la Santé à Gaza, mercredi, sans compter la destruction massive des infrastructures et la famine qui frappe les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la Bande de Gaza.

Israël fait également l’objet de poursuites pour "crime de génocide" devant la Cour internationale de Justice (CIJ), en raison de sa guerre contre la population civile de l’enclave.