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Le procès du cimentier Lafarge jugé pour « financement du terrorisme » finalement renvoyé au 18 novembre

Le tribunal correctionnel a pris cette décision après avoir constaté l’irrégularité de l’ordonnance de renvoi de l’un des prévenus

Feiza Ben Mohamed  | 06.11.2025 - Mıse À Jour : 06.11.2025
Le procès du cimentier Lafarge jugé pour « financement du terrorisme » finalement renvoyé au 18 novembre

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed


Le procès du cimentier français Lafarge poursuivi pour « financement du terrorisme » et « violation d’un embargo international » en Syrie, est finalement renvoyé au 18 novembre prochain, selon une information relayée par la presse locale mercredi soir.

Le tribunal correctionnel de Paris, qui a constaté l’irrégularité de l’ordonnance de renvoi de l’un des accusés, a donc renvoyé l’ordonnance au parquet national antiterroriste afin qu’elle puisse être régularisée.

Le procès, qui s’était ouvert mardi 4 novembre et devait s’achever le 16 décembre, aura donc lieu du 18 novembre au 19 décembre, d’après RFI.

Dans les faits et d’après les informations du journal Le Monde, l’irrégularité constatée concerne l’ancien dirigeant de la filiale syrienne de Lafarge, Bruno Pescheux, mis en examen pour des faits intervenus entre 2012 et juillet 2014 tandis que l’ordonnance de renvoi qui le vise, a étendu cette période jusqu’au 19 septembre 2014.

Pour rappel, neuf personnes dont Lafarge en tant que personnes morale, comparaissaient depuis mardi devant la justice pour « financement du terrorisme » et « violation d’un embargo international » en Syrie.

Quatre anciens dirigeants de Lafarge, deux anciens gestionnaires de la sûreté de l’usine Lafarge en Syrie, et deux intermédiaires sont poursuivis pour avoir effectué des versements de plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes dont Daech, afin de maintenir l’activité du cimentier en Syrie.

Dans le détail, Lafarge est accusé de faits d’une particulière gravité. Alors que la Syrie a était à feu et à sang, un accord a été passé de 2013 à 2014 entre Lafarge et des organisations terroristes dont Daech pour permettre au fabricant de ciment de se maintenir en Syrie et poursuivre ses activités économiques malgré une situation sécuritaire désastreuse.

Le journal Le Monde a révélé dès 2016, l’existence de cet accord venant violer l’embargo international qui visait la Syrie à cette époque et dont le montant était initialement estimé à treize millions d’euros.

Dans la foulée, les ONG Sherpa et ECCHR se sont saisies de l'affaire et ont déposé plainte sous plusieurs qualifications.

Des documents révélés par Anadolu en septembre 2021 montrent par ailleurs que le groupe Lafarge, a régulièrement informé les services de renseignements français, des arrangements conclus avec trois groupes terroristes pour obtenir le maintien de ses activités en Syrie.

Ces échanges et divers PV d’auditions montrent en outre que les services français ont profité de Lafarge pour obtenir des informations sur les activités de Daech, sans jamais mettre en garde le cimentier sur la potentielle qualification pénale des activités auxquelles il se livrait.

Face à la justice américaine, Lafarge a été condamné à une amende de 778 millions de dollars en octobre 2022 dans le cadre d’une procédure de reconnaissance de culpabilité pour son soutien aux groupes terroristes en Syrie.

Ce n’est finalement qu’en 2024, que les magistrats instructeurs ont décidé le renvoi, devant le tribunal correctionnel, des neuf accusés (huit personnes et Lafarge en tant que personne morale).

L’instruction portant sur des faits de « complicité de crimes contre l’humanité » se poursuit et pourrait aboutir à un second procès.

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