AA / Moscou / Ali Cura
Alors que les combats entre la Russie et l’Ukraine se poursuivent avec intensité sur le terrain à l’approche de la quatrième année du conflit, les initiatives distinctes menées en 2025 par la Türkiye et les États-Unis ont accéléré les démarches diplomatiques entre les parties.
Les évolutions diplomatiques de 2025 visant à mettre fin à la guerre en Ukraine se sont articulées autour des contacts Russie–États-Unis, des échanges Ukraine–États-Unis et des négociations Russie–Ukraine menées sous l’égide de la Türkiye.
Des pays européens se sont également joints au processus par moments, aux côtés de l’Ukraine.
Avant les élections aux États-Unis, le président américain Donald Trump, qui avait mis en avant la promesse de mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, est entré en fonction le 20 janvier. L’administration de Washington a rapidement engagé une intense diplomatie de navette entre les parties.
Dans ce cadre, des mesures ont d’abord été prises pour normaliser les relations entre la Russie et les États-Unis. La première évolution concrète dans ce sens a été l’échange de deux détenus russes et américains, intervenu après les contacts menés à Moscou par Steve Witkoff, conseiller de Trump, le 11 février.
Le lendemain, un entretien téléphonique d’environ une heure et demie a eu lieu entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine. Lors de cet échange, un accord est intervenu pour entamer immédiatement des négociations en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de « travailler étroitement » dans la recherche d’une solution diplomatique.
Istanbul, hôte des contacts Russie–États-Unis
Le 18 février, une réunion de haut niveau s’est tenue en Arabie saoudite, sous la présidence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et du secrétaire d’État américain, Marco Rubio.
Lors de cette rencontre, il a été décidé de normaliser les relations bilatérales et de lancer des négociations directes sur la guerre en Ukraine.
Dans la continuité de ce processus, des délégations américaine et russe ont tenu leurs premières discussions à Istanbul le 27 février, puis une deuxième série de réunions le 10 avril, afin d’aborder les activités diplomatiques de leurs ambassades. Au cours de ces contacts, Moscou a procédé à une nomination à l’ambassade de Russie à Washington, restée vacante pendant un certain temps.
Les discussions Russie–États-Unis à Istanbul ont été interprétées comme le début discret mais crucial d’un assouplissement des relations entre les deux pays, après une longue période de tensions.
Tensions Trump–Zelensky dans les relations États-Unis–Ukraine
La première rencontre approfondie de Trump avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’autre partie au conflit, s’est tenue le 28 février à Washington, dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. Prévue autour des questions minières et de la coopération économique, la réunion s’est terminée de manière inattendue en raison d’échanges tendus devant les caméras.
À la suite de cet épisode, l’administration Trump a temporairement suspendu l’aide militaire et le soutien en renseignement accordés à l’Ukraine. Les autorités américaines ont toutefois repris ces aides par la suite, sous certaines conditions.
Un accord de « partenariat économique » a été signé entre les parties, prévoyant l’accès des États-Unis aux ressources naturelles de l’Ukraine en contrepartie du soutien militaire et financier fourni jusqu’à présent. Dans ce contexte, Trump avait affirmé que « des centaines de milliards de dollars » d’aide avaient été versés à l’Ukraine, réclamant en retour 500 milliards de dollars en éléments de terres rares.
Cet accord a été enregistré comme une étape renforçant les liens États-Unis–Ukraine, dans la perspective de la reconstruction d’après-guerre et des relations stratégiques.
Le 26 avril, Trump a rencontré Zelensky avant la cérémonie funéraire du chef spirituel des catholiques et chef de l’État du Vatican, le pape François, au Vatican. Zelensky a déclaré qu’il s’agissait de leurs meilleures discussions à ce jour.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a annoncé un cessez-le-feu temporaire en Ukraine du 8 au 11 mai, à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, à partir du 9 mai, jour de la fête de la Victoire, l’Ukraine a intensifié ses attaques par drones, notamment contre Moscou et d’autres régions de la Russie.
Des images montrant des dégâts causés à de nombreux avions lors d’attaques menées par des drones FPV contre des bases aériennes militaires abritant des bombardiers stratégiques dans les régions de Mourmansk, Irkoutsk, Ivanovo, Riazan et Amour ont circulé sur les réseaux sociaux.
Première rencontre Poutine–Trump sur le sol américain
Trump a poursuivi ses contacts avec Poutine par l’intermédiaire de son émissaire Witkoff. Après la réception de ce dernier par Poutine au Kremlin le 6 août, les deux dirigeants se sont rencontrés le 15 août sur la base d’Elmendorf–Richardson, à Anchorage, dans l’État américain de l’Alaska.
Lors de ce premier sommet en face-à-face organisé sur le sol américain, les moyens de résoudre la crise ukrainienne et l’amélioration des relations Russie–États-Unis ont été abordés. La réunion, qui a duré environ trois heures, n’a débouché sur aucune décision concrète ni sur un accord final, selon les informations communiquées.
Trump a déclaré que des avancées avaient été enregistrées sur de nombreux dossiers, tout en soulignant l’existence de questions importantes à résoudre, ajoutant que l’avancée du processus dépendait de Zelensky. Poutine, pour sa part, a indiqué que les causes profondes de la crise ukrainienne avaient été examinées, estimant que leur élimination constituait la clé d’une solution.
L’Europe également impliquée dans les discussions sécuritaires
Le 18 août, Trump a accueilli à la Maison-Blanche Zelensky et des dirigeants européens. Ont participé à la réunion le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le chancelier allemand Friedrich Merz.
Lors des échanges, la possibilité d’accorder à l’Ukraine des garanties de sécurité similaires à l’article 5 de l’OTAN a été évoquée. À l’issue de la réunion, Trump a annoncé le lancement des préparatifs d’un sommet tripartite réunissant Poutine et Zelensky.
Un projet de plan de paix controversé
Alors que la possibilité pour les États-Unis de fournir des missiles Tomahawk à l’Ukraine faisait débat, Trump et Poutine ont tenu, le 16 octobre, leur huitième entretien téléphonique, d’une durée de deux heures et demie.
Trump a annoncé que des délégations russe et ukrainienne se réuniraient prochainement et qu’il prévoyait de rencontrer Poutine à Budapest. Le Kremlin a également indiqué qu’un accord avait été trouvé sur les préparatifs du sommet.
Cependant, une semaine plus tard, Trump a annoncé la suspension du sommet de Budapest, précisant que la rencontre tripartite n’aurait lieu qu’une fois un accord mettant fin à la guerre définitivement conclu.
Dans ce contexte, un projet de plan de paix en 28 points préparé par l’administration américaine et présenté à Kiev, incluant des concessions territoriales de l’Ukraine, un engagement de non-adhésion à l’OTAN et un retrait des troupes du Donbass, a été accueilli négativement par l’Ukraine. Avec l’implication des pays européens, le texte a ensuite été ramené à 20 points.
Des décisions humanitaires prises à Istanbul sous la médiation de la Türkiye
La Türkiye a poursuivi cette année encore sa détermination à contribuer à la paix entre la Russie et l’Ukraine et à accueillir les négociations. En 2022, la Türkiye avait été le premier pays à réunir les parties au conflit. Les pourparlers d’Istanbul, qui avaient abouti à un consensus, avaient ensuite pris fin après une reprise de l’intensité de la guerre, sur fond d’interventions des puissances occidentales.
Lors des négociations directes tenues à Istanbul pour mettre fin à la guerre déclenchée le 24 février 2022, les progrès les plus significatifs du processus avaient été enregistrés.
Le président Recep Tayyip Erdogan, l’un des rares dirigeants capables de dialoguer avec les deux parties, a renouvelé cette année encore son offre d’accueil et de médiation.
Le 11 mai, le président russe Vladimir Poutine a proposé la reprise, sans conditions préalables, des négociations directes interrompues trois ans plus tôt, à compter du 15 mai à Istanbul, demandant au président Erdogan d’en assurer l’accueil. Les autorités ukrainiennes ont répondu favorablement à cette proposition, tandis que la communauté internationale a salué l’initiative des pourparlers de paix d’Istanbul.
À la suite de la décision de la Russie et de l’Ukraine de se retrouver à Istanbul, la Türkiye a annoncé être prête à fournir la plateforme nécessaire aux négociations.
Cette année, trois cycles de négociations ont été organisés à Istanbul avec la participation de délégations russes et ukrainiennes, les 15-16 mai, le 2 juin et le 23 juillet. La Türkiye a ainsi réuni de nouveau les parties autour de la même table après trois ans d’interruption.
Les premières négociations organisées sous l’égide de la Türkiye ont également vu la participation des États-Unis. Lors de réunions tenues dans les formats Türkiye–États-Unis–Ukraine et Türkiye–Russie–Ukraine, les parties au conflit sont parvenues à un accord sur des échanges de prisonniers.
Le deuxième cycle, tenu le 2 juin dans le format Türkiye–Russie–Ukraine, a abouti à un accord sur la libération de tous les prisonniers de moins de 25 ans, ainsi que des prisonniers graves et blessés, en plus d’échanges de dépouilles.
Le troisième cycle, organisé le 23 juillet à Istanbul, s’est également tenu dans le format Türkiye–Russie–Ukraine et a débouché sur de nouvelles décisions concernant les échanges de prisonniers et de corps.
Grâce à la médiation de la Türkiye, des milliers de soldats et de dépouilles ont ainsi été échangés entre la Russie et l’Ukraine. Les pourparlers d’Istanbul ont joué un rôle important dans le processus diplomatique par leurs résultats humanitaires.
Les combats se sont poursuivis sur la ligne de front
Tout au long de l’année 2025, les combats intenses entre la Russie et l’Ukraine ont entraîné des modifications sur la ligne de front. Les forces russes ont enregistré des avancées autour de certaines grandes localités, tandis que l’armée ukrainienne a poursuivi sa résistance sur ses lignes de défense.
Le ministère russe de la Défense a annoncé que la ligne de front avait progressé, notamment dans les régions de Donetsk et de Zaporijya. À l’ouest de Donetsk, dans des zones longtemps marquées par les combats, les forces russes auraient élargi leurs zones de contrôle. Sur le front de Zaporijya, les forces russes auraient poursuivi leur avancée le long de la ligne de contact, sur les axes sud et est.
La Russie a également annoncé avoir pris le contrôle de certaines localités proches de la frontière dans les régions de Kharkiv et de Soumy, indiquant que les lignes de défense avaient été avancées parallèlement à la frontière russo-ukrainienne, augmentant ainsi la profondeur du front.
De son côté, l’état-major ukrainien n’a pas pleinement confirmé les affirmations russes concernant le contrôle de grandes localités. Les autorités ukrainiennes ont indiqué que les principaux centres urbains de Donetsk et de Zaporijya restaient sous contrôle ukrainien, tout en reconnaissant que les forces russes avaient pu progresser dans certaines zones périphériques et rurales, sans pour autant rompre complètement la ligne de front. Elles ont souligné que les opérations défensives se poursuivaient, notamment le long de la frontière administrative Donetsk–Zaporijya et de la ligne frontalière de Kharkiv.
* Traduit du turc par Seyma Erkul Dayanc