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Gaza : seulement trois inculpations contre des soldats israéliens en 18 mois, selon Drop Site

- Un rapport publié par le site d’investigation Drop Site révèle qu’Israël a engagé seulement trois inculpations contre ses soldats pour des crimes commis à Gaza depuis octobre 2023, malgré de nombreuses violations documentées

Rania R.a. Abushamala  | 14.11.2025 - Mıse À Jour : 14.11.2025
Gaza : seulement trois inculpations contre des soldats israéliens en 18 mois, selon Drop Site

Istanbul

AA / Istanbul / Rania Abu Shamala

Un rapport publié jeudi par le site d’investigation Drop Site révèle qu’Israël n’a engagé que trois inculpations criminelles contre ses soldats pour des crimes liés à Gaza au cours des 18 premiers mois de son offensive dans l’enclave, malgré de nombreuses violations documentées.

Selon le rapport, basé sur six réponses à des demandes d’accès à l’information soumises par le groupe israélien de défense des droits Yesh Din entre janvier 2024 et avril 2025, une seule inculpation a abouti à une condamnation, tandis que les deux autres restent en cours.

Le rapport cite notamment le cas de Hind Rajab, 5 ans, tuée avec six membres de sa famille et deux secouristes à Gaza le 29 janvier 2024. Malgré des preuves satellitaires contredisant l’armée, aucune poursuite n’a été engagée contre les forces israéliennes.

Selon Drop Site, le système de justice militaire israélien est lent, opaque et structuré pour protéger les soldats de toute responsabilité. À la mi-août 2024, 95 plaintes officielles avaient été enregistrées concernant des incidents à Gaza, et 1 456 incidents dits « exceptionnels » ont été transmis à un mécanisme d’évaluation des faits, mais seuls 11 ont été traités.

Le rapport souligne que malgré la publication de milliers de photos et vidéos montrant des abus présumés — tirs sur des civils non armés, mauvais traitements de détenus, pillages et incendies — la responsabilité n’a été presque jamais engagée.

De nombreux bombardements ayant causé des victimes en masse, ainsi que des attaques contre des hôpitaux et des infrastructures civiles, ne sont pas investigués car ils sont considérés par Israël comme des « opérations de combat légales », alors qu’ils peuvent constituer des crimes de guerre selon le droit international.

Le rapport note également que les autorités israéliennes utilisent ces enquêtes internes pour bloquer les juridictions internationales, invoquant le principe de complémentarité, même lorsque aucune action pénale n’est entreprise.

Selon des organisations israéliennes de défense des droits humains comme Yesh Din et B’Tselem, le système est structurellement incapable de poursuivre les soldats ou commandants. Une étude de Yesh Din sur trois grandes offensives a montré que 542 incidents sur 664 examinés ont été clos sans enquête pénale, et une seule inculpation a été engagée.

La pression publique en Israël contre toute poursuite a augmenté : après l’inculpation de cinq soldats pour viol filmé d’un détenu palestinien, des manifestations ont eu lieu en leur soutien.

Depuis octobre 2023, les attaques israéliennes ont fait plus de 69 000 morts, majoritairement des femmes et des enfants, et plus de 170 700 blessés. En novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour atrocités commises à Gaza.


*Traduit de l'anglais par Wafae El Baghouani

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