France / Retraites : Bayrou défend des avancées mais acte l'absence d'accord final

- À Matignon, le Premier ministre a salué des « progrès » tout en avertissant que le gouvernement prendrait ses responsabilités à l'automne.

AA / Paris / Ümit Dönmez


Le Premier ministre français, François Bayrou a affirmé, jeudi, que le conclave sur les retraites, engagé depuis quatre mois, n'avait pas débouché sur un accord entre les partenaires sociaux, tout en défendant « un grand nombre d’avancées ».

A l'occasion d'une conférence de presse à Matignon, le Premier ministre a déclaré être « absolument déterminé à ce qu’on respecte l’engagement d’équilibre financier en 2030 », tout en indiquant que les partenaires sociaux s’étaient engagés à financer « les deux tiers » d’un besoin de 1,5 milliard d’euros.

Il a salué « les progrès qui ont été faits depuis quatre mois » et réfuté toute idée d’échec. « Franchement, oser parler d’échec quand on a un tel nombre d’accords essentiels, ça ne me semble pas réaliste », a-t-il lancé en réponse à une journaliste.


- Des points d'accords

Parmi les mesures déjà actées, Bayrou a cité le consensus autour du maintien de l’âge légal de départ fixé par la loi de 2023, ainsi qu’un « compromis » sur le départ à taux plein abaissé de 67 à 66,5 ans, et des améliorations spécifiques pour les femmes ayant eu des enfants.

En cas de non-accord final, il a précisé que « le gouvernement prendrait ses responsabilités » avec un texte législatif soumis au Parlement « au mois d’octobre prochain ». Le chef du gouvernement a également jugé que les derniers points de désaccord étaient « solubles » et « à portée de main ».

Le conclave, voulu comme un espace de consensus social, avait pour ambition d’éviter une réforme brutale tout en consolidant le financement du système. Selon un sondage Elabe, 63 % des Français jugent que le gouvernement porte la responsabilité de l’échec du processus, et 52 % se disent favorables à une censure.


- Réactions des partenaires sociaux

La CGT, qui s’était retirée de la dernière phase de concertation, dénonce une « mascarade » de dialogue social et refuse de cautionner un processus qu’elle juge biaisé dès l’origine.

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a estimé qu’en l’absence de nouvelles séances de négociation, « charge au Premier ministre de prendre acte et de décider d’ici la fin de la semaine ».

Du côté du patronat, Patrick Martin, président du Medef, s’est dit « tout à fait d’accord pour transmettre » au gouvernement la liste des blocages restants, tout en réaffirmant son opposition à toute hausse de cotisations, qu'elles soient salariales ou patronales.


- Motion de censure du Parti socialiste (PS)

Le groupe socialiste à l’Assemblée a officiellement déposé ce jeudi 26 juin une motion de censure contre le gouvernement. Il reproche à François Bayrou d’avoir rompu sa promesse d’un débat parlementaire ouvert sur les retraites, en refusant de soumettre un texte clair sur l’âge légal et les départs anticipés. Le PS accuse l’exécutif de « trahison majeure » de l’esprit de la concertation.

Interrogé sur la motion de censure déposée ce jeudi par les députés socialistes, Bayrou a relativisé les menaces en déclarant lire « des menaces de censure tous les jours ». Il a dit ne « pas imaginer » que le Parti socialiste fasse des retraites « un objet de censure ».


- Une réforme impopulaire

La réforme initiale de 2023 avait été adoptée le 16 mars par le recours à l’article 49.3 face à l’opposition massive de l’intersyndicale et à des journées de mobilisation rassemblant jusqu’à 3,5 millions de manifestants. Cet usage du passage en force avait ravivé les tensions et cristallisé le mécontentement social.

Dès la fin de l’année 2024, aussitôt nommé Premier ministre, Bayrou avait lancé l’idée d’un conclave réunissant syndicats et patronat pour tenter de désamorcer la crise sociale et trouver un consensus avant d’engager formellement le Parlement.