AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
À l’initiative de la France, « l’Union européenne prend des sanctions contre des relais de la propagande du Kremlin et des artisans d’ingérences numériques étrangères », a annoncé Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, lundi 15 décembre à Bruxelles. « Zéro impunité pour les ingénieurs du chaos », a-t-il écrit sur la plateforme sociale X, basée aux États-Unis.
Le ministre a précisé dans une allocution vidéo que « ces mesures visent plusieurs acteurs russes participant, directement ou indirectement, à la guerre d’agression en Ukraine ». « D’abord avec neuf entités responsables du contournement de nos sanctions, ce que l'on appelle la flotte fantôme, notamment des compagnies maritimes qui travaillent pour ou en lien avec les deux compagnies pétrolières, Lukoil et Rosneft », a-t-il expliqué. « Puis avec des sanctions à l’encontre de douze agents de la déstabilisation russe en Europe, douze responsables des ingérences étrangères ou des ingérences numériques étrangères ».
Jean-Noël Barrot a cité notamment « Xavier Moreau, ressortissant franco-russe basé en Russie et identifié comme relais de la propagande du Kremlin en Europe », ainsi que « John Mark Duggan, responsable d’ingérences numériques en Europe et impliqué dans la campagne Storm 15-16, qui a visé à plusieurs reprises le débat public français et européen », selon les services français de Viginum (service technique et opérationnel de l'État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères).
Ces sanctions s’inscrivent dans le cadre du suivi des mesures prises depuis le début du conflit en Ukraine. Depuis le 24 février 2022, l’Union européenne et les États-Unis ont imposé plusieurs séries de sanctions financières et économiques à Moscou. La Russie avait affirmé être intervenue pour protéger les populations russophones du Donbass, notamment à Donetsk et Lougansk, et avait exigé que l’Ukraine renonce à ses projets d’adhésion à des alliances militaires, dont l’Otan, et adopte un statut de « neutralité totale », ce que Kiev considère comme « une ingérence dans sa souveraineté ».
Jean-Noël Barrot avait souligné que « seule l’Ukraine peut décider de continuer la guerre ou non » et que la France, à travers ses réunions diplomatiques, reste l’un des principaux acteurs de ce dossier. Les Européens assurent que, si l’Ukraine souhaite poursuivre le conflit, leur soutien se poursuivra.
À Moscou, le Kremlin avait réagi aux derniers trains de sanctions européens en les qualifiant d’« illégitimes » et en affirmant qu’il continuerait à les analyser pour « minimiser leurs conséquences », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors d’un point de presse. Il avait assuré que la Russie avait « acquis une certaine immunité » face à ces mesures et qu’elles pouvaient avoir un « effet négatif » sur les pays qui les appliquent, tout en confirmant que Moscou poursuivrait sa politique et étudierait des « contre‑mesures » si nécessaire.
En novembre, l’armée russe a réalisé sa plus importante progression sur le front ukrainien depuis un an, selon les données de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), associé au Critical Threats Project. La Russie a gagné 701 km² en un mois, soit sa deuxième plus forte avancée depuis novembre 2024 (725 km²), hors premiers mois du conflit en 2022 lorsque la ligne de front était particulièrement mouvante.