AA / Paris / Ümit Dönmez
Jean-Noël Barrot a défendu jeudi la nécessité pour l’Union européenne de rester ferme dans la négociation commerciale avec les États-Unis, alors que le président Donald Trump a décrété le week-end dernier des droits de douane de 30 % sur toutes les importations européennes à compter du 1er août.
Lors d’une conférence organisée par le Medef, Barrot a estimé qu’"il y a un enjeu de défense de nos intérêts à court terme qui est essentiel, et il y a un enjeu de crédibilité à plus long terme". Selon lui, céder face à Washington serait un dangereux précédent : "Si aujourd’hui, nous acceptons qu’on puisse lever des droits de douane sur l’Union européenne en faisant le dos rond pour laisser l’orage passer, demain, c’est la Chine, et puis à nouveau les États-Unis, qui reviendront pour lever une nouvelle fois des droits de douane".
Le ministre français a plaidé pour que l’UE se prépare à riposter si aucun accord n’était trouvé avant l’échéance : "Présentons la puissance de feu de nos instruments de dissuasion", a-t-il déclaré, tout en ajoutant : "Nous ne voulons pas les utiliser mais si nos intérêts économiques vitaux sont touchés, alors nous ne pouvons pas exclure de les mettre en œuvre".
La Commission européenne, qui mène les discussions par l’intermédiaire de son vice-président Maros Sefcovic, espère encore une solution négociée. Dans le même temps, elle prépare une liste de produits américains stratégiques à taxer en retour, pour une valeur estimée à 72 milliards d’euros. Cette liste comprend des produits emblématiques tels que les avions, les voitures, le bourbon ou encore le soja, mais exclut pour l’instant les services financiers et numériques.
Dans un message publié samedi sur X (anciennement Twitter), Emmanuel Macron avait déjà apporté un ferme soutien à la position de Bruxelles. "La France partage une très vive désapprobation face à l’annonce de droits de douane horizontaux de 30 % visant les exportations de l’Union européenne vers les États-Unis à compter du 1er août", écrivait-il. Le Président français insistait aussi sur la nécessité d’"accélérer la préparation de contre-mesures crédibles" et rappelait que la France soutient "pleinement la Commission européenne dans la négociation qui va s’intensifier".