AA / Paris / Ümit Dönmez
Le chef de la Diplomatie française Jean-Noël Barrot recevra vendredi 18 juillet son homologue allemand Johann Wadephul à Paris, à l’occasion d’une rencontre officielle suivie d’une conférence de presse où les sujets brûlants devraient occuper le devant de la scène.
Cette visite intervient dans un contexte international particulièrement tendu, marqué par l'agression israélienne à Gaza, la guerre en Ukraine, mais aussi le retour des tensions commerciales transatlantiques après l’annonce récente de nouveaux tarifs douaniers américains.
- Un programme officiel dense
Selon le programme communiqué par le ministère français des Affaires étrangères, Johann Wadephul sera accueilli par Jean-Noël Barrot à Paris en fin de matinée pour un entretien bilatéral suivi d’une conférence de presse commune.
Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des engagements pris lors de leur déclaration conjointe du 7 mai dernier, où les deux ministres affirmaient leur volonté de renforcer le partenariat stratégique franco-allemand au service d’une Europe « souveraine et résiliente ».
- Ukraine : maintenir le soutien face à Moscou
Les ministres devraient évoquer la poursuite du soutien militaire et financier à l’Ukraine. Berlin et Paris restent les piliers de l’aide européenne, mais la pression s’accroît pour que ce soutien soit non seulement maintenu, mais aussi renforcé.
Les discussions pourraient porter sur les montants alloués, alors que le président américain Donald Trump appelle à porter les budgets de défense à au moins 4 % du PIB, afin de répondre aux exigences stratégiques de l’OTAN.
Pour rappel, le 24 février 2022, la Russie a lancé une offensive militaire en Ukraine, ce qui a provoqué de multiples réactions à l’échelle internationale, notamment de l'Union européenne et des États-Unis, ainsi que l'imposition de sanctions financières et économiques à l'endroit de Moscou et un soutien militaire et financier à Kiev.
- Gaza : une aide humanitaire urgente
Autre dossier attendu : la situation humanitaire à Gaza. Paris et Berlin ont récemment exhorté Tel Aviv à permettre la mise en place rapide de l’aide pour Gaza, dans un contexte où l’ONU alerte sur une dégradation dramatique des conditions de vie dans l’enclave palestinienne.
La conférence de presse pourrait être l’occasion pour les deux ministres de détailler une initiative commune pour acheminer cette aide dans un cadre sécurisé et coordonné au niveau européen, ainsi que d'évoquer la solution à deux États qui devrait être débattue lors du Sommet de l'ONU à New-York (États-Unis) à la fin de ce mois.
Pour rappel, l'Allemagne est le 2e fournisseur mondial d'armes à Israël, derrières les États-Unis. Berlin a approuvé plus de 250 millions d’euros d’exportations d’armes vers Tel Aviv entre janvier 2024 et juin 2025, malgré les accusations de génocide à Gaza et les critiques de l’opposition. Ces exportations avaient été brièvement suspendues en 2024 après une plainte devant la Cour internationale de Justice, avant de reprendre sur la base d’assurances israéliennes sur le respect du droit international.
Depuis le début de l’agression israélienne en 2023, plus de 58 000 Palestiniens ont été tués et Israël fait désormais face à une procédure pour génocide devant la CIJ.
- Iran : les Européens veulent maintenir la pression
Parmi les sujets de politique étrangère, la question iranienne devrait aussi être abordée. La France, l’Allemagne et leurs partenaires européens ont récemment prévenu qu’ils attendent un retour de l’Iran à la table des négociations nucléaires sous peine de sanctions renforcées à partir de la fin de l’été. Un « mécanisme de snapback », permettant de rétablir automatiquement les sanctions internationales contre Téhéran, pourrait être évoqué.
Cette annonce intervient dans le sillage d’un conflit direct de douze jours entre Israël et l’Iran, débutant le 13 juin par une « attaque surprise » israélienne contre des installations nucléaires et militaires iraniennes, tuant plusieurs commandants des Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) et scientifique, ainsi que plus de 200 civils selon les autorités iraniennes.
Israël a frappé en premier, estimant que Téhéran franchissait des « lignes rouges » avec son programme nucléaire. En représailles, l’Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël, provoquant une vingtaine de morts et une centaine de blessés chez l’adversaire avant que les États-Unis n’interviennent le 21 juin en frappant à leur tour trois sites nucléaires iraniens.
Le cessez-le-feu, négocié avec l’aide de Washington, a été effectif le 24 juin, après qu’Israël a mis fin à ses frappes 12 heures après l’Iran.
Le cas du ressortissant franco-allemand Lennart Monterlos, ainsi que ceux des deux citoyens français Cécile Kohler et Jacques Paris, tous trois détenus en Iran, devraient également être abordés.
- Nouveaux tarifs douaniers américains : une crise commerciale en gestation
Enfin, les récents développements commerciaux transatlantiques viendront alourdir l’agenda. Le 12 juillet, Donald Trump a annoncé l’imposition à partir du 1er août de nouveaux droits de douane de 30 % sur les importations européennes et mexicaines, relançant le spectre d’une guerre commerciale.
Bruxelles a gelé des contre-mesures d’un montant de 21 milliards d’euros en attendant d’éventuelles négociations, mais le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a prévenu que ces mesures pourraient « annihiler la croissance allemande dès cette année ».