Monde, Journal de l'Islamophobie

La France convertit son islamophobie en une constante de sa politique (Reportage)

-La France envisage d’élaborer un projet de loi qui vise à « faire face à l’islam politique » dans le cadre d’une série de mesures annoncées par son président,

Mourad Belhaj  | 29.07.2020 - Mıse À Jour : 26.09.2020
 La France convertit son islamophobie en une constante de sa politique (Reportage)

Ile-de-France

AA / Paris / Yusuf Ozcan

Les dirigeants français invoquent, généralement, la préservation de a laïcité, pour transformer les pratiques de discrimination contre les Musulmans en une politique, légalement, institutionnalisée.

La France envisage d’élaborer un projet de loi qui vise à « faire face à l’islam politique » dans le cadre d’une série de mesures annoncées par son président, Emmanuel Macron, il y a de cela plusieurs mois, pour lutter contre, ce qu’il avait appelé à l’époque, « le séparatisme islamiste ».

La semaine passée, le nouveau Premier ministre, Jean Castex, a déclaré dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, que la lutte contre l’islam politique fait partie des priorités du gouvernement français.

Castex avait également indiqué que le gouvernement ira de l’avant sur la voie de l’élaboration d’un projet de loi relatif à « l’islam politique » et aux « idées séparatistes », pour remettre ainsi la question de l’islamophobie à la surface et codifier ainsi l’hostilité de la société française aux Musulmans.

Le nombre des musulmans en France est estimé à plus de 5 millions sur une population de 67 millions d’habitants.

** Des pratiques à la politique

Au cours des derniers mois, les déclarations du président français ont ciblé, à maintes reprises, les Musulmans, notamment, peu avant le premier tour des élections municipales en février dernier, ce qui avait suscité des réactions en colère de la part des communautés musulmanes dans ce pays européen.

Macron avait, notamment, déclaré à l’époque qu’une « partie de la société souhaite créer un projet politique au nom de l’Islam ».

Il avait également critiqué, à une autre occasion, les « parents qui empêchent leurs filles d’aller aux piscines », dans une référence à la spécificité des croyances islamiques.

En dépit de l’instrumentalisation du peuple français en jouant la carte de l’islamophobie, le parti de Macron a essuyé une lourde défaite lors des élections municipales, ce qui l’a incité davantage à faire montre d’hostilité à l’islam politique, pour chercher une popularité auprès des courants de l’extrême droite et du centre de la droite, selon des observateurs.

Macron a accédé à la magistrature suprême en France, il ya de cela trois ans, et depuis, les protestations populaires se sont accentuées au rythme de la recrudescence des crises sociales et économiques dans le pays.

** Un enlisement vers la droite

Il est prévu que l’Assemblée nationale débatte du projet de loi en question au courant du mois de septembre prochain, et selon des médias locaux, le texte imposera des « mesures restrictives à l’endroit des Musulmans ».

En dépit de la défense acharnée par la France de sa politique démocratique qui garantit les droits de l’homme et la tolérance inconditionnelle à l’égard des croyances religieuses des minorités, il n’en demeure pas que ce pays est réputé pour être l’un des pays d’Europe les plus hostiles et qui s’attaquent le plus à l’Islam.

Au mois d’octobre dernier, le Sénat (chambre haute du parlement français) a approuvé un projet de loi qui interdit aux mères de porter des habits religieux distinctifs (le foulard) lors de l’accompagnement de leurs enfants dans des sorties scolaires.

Au niveau des pratiques, un des députés avait réclamé, au cours d’un meeting, à une femme musulmane d’ôter son foulard avant de l’agresser verbalement, incident qui avait provoqué des critiques multiples face à cette attitude.

Plusieurs observateurs expliquent les causes de cette escalade à l’égard des Musulmans en France par l’enlisement de Macron en direction du courant de l’extrême droite, qui, généralement, lance des attaques virulentes contre la construction de mosquées et le port par les femmes du foulard, tout en procédant délibérément à la confusion tant galvaudée entre Islam et terrorisme.

** Une fausse bataille pour détourner l’attention

Jamil Homri, chercheur à l’Institut catholique de Paris, a déclaré à Anadolu Agency, que le remplacement du gouvernement français de la bataille des réformes sociales et économiques, par l’institution de législations destinées à faire face aux Musulmans est une sorte de détournement de l’attention du peuple français des véritables problèmes dont souffre le pays.

Et le chercheur de poursuivre : « Les Gilets jaunes avaient organisé de grandes protestations pour réclamer des réformes économiques, un amendement du système des retraites et pour stopper la violence policière et non pas pour être hostile à l’Islam ou aux pratiques et culte des Musulmans… ce sont des questions (les réformes) qui intéressent le plus les Français ».

Homri souligne que le « projet de loi devant être approuvé en septembre prochain n’aboutira qu’à accroitre les manifestations de discriminations contre les Musulmans, sous prétexte de lutte contre les idées séparatistes et de défense de la laïcité ».

Le chercheur estime que Macron suit les traces de Nicolas Sarkozy (2007-2012) dans sa voie d’islamophobie et de discrimination à l’endroit des Musulmans, tout en formulant le souhait de recueillir une popularité dans les rangs de l’extrême droite et remporter les voix des électeurs lors de la Présidentielle de 2022.

« Les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédé au cours des 20 ou 30 dernières années ont instrumentalisé les sujets inhérents à l’Islam et aux Musulmans comme prétexte pour dissimuler ses lacunes et échecs et le fait de n’avoir pas traité les questions qui intéressent réellement les Français », a-t-il souligné.

Homri appelle, par contre, à la nécessité d’instituer une nouvelle législation respectueuse de l’Islam en France, d’autant plus que l’islamophobie représente généralement une entrave contre la coexistence en harmonie dans la société française de la minorité musulmane.

Il critique sans ménagement, également, « le ait que les partis de l’extrême droite en France ne s’emploient à présenter les Musulmans comme portant un projet contre la République française, tout en tentant de convertir la laïcité en outil de discrimination contre les Musulmans».

« Le gouvernement français taxe généralement de séparatiste les Musulmans ce qui constitue une erreur délibérée et une confusion dans les concepts utilisés par les autorités à l’endroit de la minorité musulmane dans le pays », a-t-il encore dit.

La société française connait une tension palpable qui alimentée de manière fréquente par les questions du port par les femmes du foulard, du niqab et des places réservées aux femmes dans les piscines, ou encore en mettant en doute certains programmes et manuels scolaires enseignés par les minorités religieuses dans le pays.

*Traduit de l’Arabe par Hatem Kattou

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