AA / Paris / Ümit Dönmez

Le journaliste français, Jean-Michel Aphatie a dénoncé vendredi l'aspect confus de concepts tels que « l'islam politique » ou « l'islamisme radical », et l'intolérance générale provoquée par l'approximation sémantique et la potentielle polysémie de ces termes amplement usités par nombre de médias et politiciens français.

Invité du journaliste David Pujadas, sur le plateau de la chaîne française d'information « LCI », Aphatie débattait vendredi avec le journaliste Mohamed Sifaoui, notamment sur l'éventuelle responsabilité indirecte d'acteurs politiques français dans les attaques terroristes perpétrées sur le territoire national, telle que

celle de Rambouillet commise le jour même et ayant coûté la vie à une fonctionnaire de la Police française, prénommée Stéphanie, et mère de deux enfants âgés de 13 et 18 ans. Les médias français rapportaient que le terroriste avait crié « Allahu Akbar », soit « Dieu est grand », en arabe. Avant d'attaquer la policière.

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— 24h Pujadas (@24hPujadas) April 23, 2021

Jean-Michel Aphatie soulignait d'abord que l'écrasante majorité des Français, toutes confessions (ou absence de confession) confondues, était unie dans la condamnation des actes terroristes visant la France et qu'au-delà de cette condamnation commune, les causes et domaines de cohésion sont multiples au sein de la communauté nationale française.

« Il y a plusieurs points d'union nationale. La lutte contre le terrorisme fait l'objet de l'union nationale. Et ceux qui mêlent des concepts qui laissent penser que des acteurs politiques en France sont des alliés de l'islamisme, à mon avis, font mal à cette union nationale qui existe », soulignait ensuite le journaliste ayant déjà débattu du concept d'islamo-gauchisme avec son confrère Mohamed Sifaoui.

Ah, est islamogauchiste celui qui dit que ça n’existe pas. Je persiste à croire qu’il vaut mieux continuer à rire de la connerie ambiante plutôt que de s’en inquiéter. Mais je confesse des moments de doute. Étonnant, non? https://t.co/vJV90G1wLT

— jean-michel aphatie (@jmaphatie) March 18, 2021

« Ah, est islamogauchiste celui qui dit que ça n’existe pas. Je persiste à croire qu’il vaut mieux continuer à rire de la connerie ambiante plutôt que de s’en inquiéter.

Mais je confesse des moments de doute. Étonnant, non ? », tweetait notamment Aphatie, le 18 mars dernier en partageant le tweet de Sifaoui, daté du même jour et faisant la promotion de son nouveau livre :
« Les #FossoyeursDeLaRepublique est arrivé tout frais, tout chaud. En librairie à partir du 31 mars et disponible en pré-commande chez les libraires et les sites marchands.

C’est une enquête sur l’#islamogauchisme qui évidemment n’existe pas selon la plupart des #islamogauchistes », déclarait Sifaoui.

 - Les concepts d'« islamisme » et d'« islamo-gauchisme »
Sur le plateau de « 24h Pujadas », vendredi, dans la poursuite du débat engagé entre les deux journalistes sur les réseaux sociaux à propos de l'islamo-gauchisme, Jean-Michel Aphatie réagissait aux propos de son confrère :

« L'idée qu'il y ait des gens qui peuvent trouver la moindre once de sympathie avec des actes comme ça [tel que cet acte terroriste commis à Rambouillet], est une idée que je trouve absolument dangereuse, presque révoltante », notait Aphatie avant de souligner de nouveau la réelle vivacité de la cohésion nationale française.

« Il y a beaucoup de points de consensus qui existent, mais on ne veut pas les voir, parce qu »'on préfère la bataille, alors on dit « l'union nationale n'existe pas », notait le journaliste émérite inspirant la réaction de Mohamed Sifaoui :

« Qu'il y ait une union nationale au lendemain d'un acte terroriste, nous le savons ; mais le problème si vous voulez, ce n'est pas tant de dire qu'il y a une unité nationale au lendemain d'un acte terroriste. C'est qu'il faut qu'il y ait une union nationale sur la définition même du problème », estimait Sifaoui.

« Le problème, ce n'est pas un acte de criminalité : on n'est pas face à un acte de délinquance, Nous sommes face à un acte politique.

Le terrorisme, vous le savez, par définition, est au service d'une matrice idéologique.

Il se trouve que cette matrice idéologique s'appelle « l'islam politique », notait encore Sifaoui qui s'apprêtait à faire des commentaires sur des politiciens de la gauche française, tels que Jean-Luc Mélenchon avant d'être interrompu par Jean-Michel Aphatie.

« Nous vivons dans la République, Tous ceux qui sont sur le territoire national doivent accepter les lois de la République », déclarait Aphatie avant d'être luimême interrompu par son confrère lui demandant de nommer l'idéologie du terroriste ayant perpétré l'attaque meurtrière à Rambouillet : « De l'islamisme radical... », répondait Aphatie avec un brin de questionnement, avant d'être interrompu par Sifaoui estimant que « C'est l'islam politique ». 

Jean-Michel Aphatie dénonçait ensuite l'approximation de la caractérisation avancée par Mohamed Sifaoui :

« Les concepts sont fumeux : l'islamisme radical, comme concept a cet avantage : c'est qu'il condamne toutes les actions violentes, C'est un concept qui a cet avantage-là », notait Aphatie avant de poursuivre :

« L'islamisme politique, je ne sais pas ce que ça veut dire. Toute personne qui se livre à de la violence ; toute personne qui ne respecte pas les lois de la République ; toute personne qui soumet à la volonté religieuse une personne qui ne le souhaite pas, sont des personnes qui devraient être condamnables », soulignait le journaliste émérite avant de conclure en dénonçant les limites d'unetelle conceptualisation.

« Et si on prend votre raisonnement, alors il faut interdire de parole certains responsables politiques. Il y a un fond d'intolérance dans votre raisonnement », estimait Aphatie, percevant un danger pour la liberté d'opinion et la liberté d'expression dans la logique stigmatisante de son confrère.

« Il n’y a aucune intolérance », rétorquait Sifaoui.