Un prêtre français reconnaît des violences sexuelles sur des migrants mineurs au Maroc
- « Je suis soufflée ! C’est d’une tristesse », a réagi une bénévole interrogée par le média français Le Parisien
Istanbul
AA / Istanbul / Adama Bamba
Le père Antoine Exelmans, un prêtre originaire de Bretagne (France) et installé depuis 2016 au Maroc, a reconnu avoir commis des violences sexuelles sur des migrants mineurs. Lauréat d’un prix récompensant son engagement auprès des réfugiés, il est désormais assigné à résidence à Saint-Étienne (Loire), selon une information rapportée par le journal Le Parisien.
À Mordelles (Ille-et-Vilaine), où il exerçait avant son départ au Maroc, la nouvelle a provoqué la stupeur. Une affichette d’écoute du diocèse a été placardée sur la porte du presbytère.
« Je suis soufflée ! C’est d’une tristesse », a réagi une bénévole interrogée par Le Parisien, exprimant le choc et la déception ressentis par les paroissiens.
- Des révélations venues du Maroc
Les faits ont d’abord été révélés par le média marocain ENASS.ma, qui a publié une enquête détaillée sur des abus sexuels présumés commis sur six jeunes migrants accueillis par le Service d’hébergement d’urgence des personnes migrantes à Casablanca, géré par la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes.
Selon une information rapportée par le site ENASS.ma, le 5 juillet 2024, l’archevêque de Rabat, le cardinal Cristóbal López Romero, a publié une « Communication n°45 » dans laquelle il reconnaît avoir été alerté sur le « comportement du père Antoine Exelmans auprès des jeunes migrants ».
L’archevêque indique avoir ordonné une enquête canonique à son encontre, sans préciser la nature des faits ni l’identité des victimes.
Cependant, selon ENASS.ma, ces éléments ne reflètent qu’une version partielle des faits. Le média affirme que la plainte déposée le 24 mai 2024 auprès du parquet de la Cour d’appel de Casablanca a mis fin à un système d’exploitation sexuelle présumé, en place depuis au moins quatre ans.
- Témoignages de victimes et enquête judiciaire
Parmi les victimes présumées figure Ahmed, un réfugié guinéen âgé de 17 ans, qui aurait été la dernière victime du père Antoine avant son retour en France, selon les informations rapportées par ENASS.ma.
Le média affirme que six jeunes réfugiés, cinq Guinéens et un Camerounais, ont subi des abus alors qu’ils étaient mineurs, âgés de 17 à 21 ans aujourd’hui.
Toujours selon la même source, trois d’entre eux ont été entendus par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca, et des tests médicaux ont été réalisés sur instruction du procureur général du roi.
L’enquête décrit un « système Père Antoine » visant délibérément les jeunes les plus vulnérables. « Il cherchait systématiquement à isoler les mineurs », rapporte un témoin cité par ENASS.ma. « Chaque fois qu’il accompagnait un jeune réfugié, il refusait que je fasse la séance d’écoute seule avec lui. Lorsque j’ai insisté pour voir le migrant sans sa présence, il est entré dans une colère noire. »
- Silence et responsabilité de l’Église
D’après les révélations d’ENASS.ma, l’Église catholique du Maroc est restée longtemps silencieuse, se contentant d’exprimer dans son communiqué : « Nous portons dans la prière les personnes qui ont pu être victimes, ainsi qu’Antoine. » Une formulation jugée par les observateurs comme mettant sur le même plan l’auteur présumé et les victimes.
Les enquêteurs d’ENASS affirment avoir reçu depuis début 2025 de nouveaux témoignages et des éléments confirmant l’existence d’abus au sein de la paroisse de Casablanca. Le média dit respecter la présomption d’innocence du père Antoine Exelmans et du clergé, tout en promettant que « l’enquête ne fait que commencer ».
En effet, Antoine Exelmans, âgé d’une cinquantaine d’années, avait quitté la Bretagne pour s’installer à Casablanca en 2016. Il s’était rapidement fait connaître pour son engagement auprès des migrants, jusqu’à recevoir une distinction honorifique pour son travail humanitaire.
Son arrestation et sa reconnaissance des faits ont provoqué une onde de choc au sein des communautés catholiques française et marocaine, rouvrant le débat sur la transparence de l’Église face aux crimes sexuels commis par des religieux.
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