Analyse

L'Administration Biden : Les contours de nouvelles politiques à l'intérieur et à l'étranger (Encadré)

- Biden signera plus de 15 décrets exécutifs qui abrogeront des décisions antérieures prises par l'Administration Trump - Le mandat de Biden verra la mise en œuvre de nouvelles politiques envers l’Iran et probablement l’Arabie Saoudite.

Majdi Ismail  | 21.01.2021 - Mıse À Jour : 21.01.2021
L'Administration Biden : Les contours de nouvelles politiques à l'intérieur et à l'étranger (Encadré)

New York


AA/ Washington


Durant les quatre années du mandat du président américain sortant, Donald Trump, le monde a été en proie à une série de conflits générés par les décisions inédites de Trump, aussi bien au plan national qu’international.

Avec la fin de son mandat et l'investiture du président Joe Biden, mercredi, en tant que président des Etats-Unis d'Amérique les espoirs sont portés sur la nouvelle administration pour résoudre ces conflits et renforcer la stabilité.

C'est dans ce cadre que l’Agence Anadolu s’emploie à arrêter les contours des politiques de la nouvelle Administration de Biden, aussi bien concernant les questions locales qu’internationales.

De prime abord, et au cours des premières heures de son mandat à la Maison Blanche, Biden signera plus de 15 décrets exécutifs qui abrogeront des décisions antérieures prises par l'Administration Trump, s’agissant en particulier de la construction d'un mur frontalier avec le Mexique, du retrait de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l'accord de Paris sur le climat ainsi que de l'interdiction de voyage infligée aux ressortissants de pays, à majorité musulmane.

Les nouvelles décisions de Biden toucheront également de nouvelles politiques portant sur les mécanismes de lutte contre la pandémie de la Covid-19 aux Etats-Unis, après que les politiques de Trump auront abouti à ce que son pays soit le plus touché par ce virus.


* Affaires internes


Biden demandera à ses concitoyens de porter des masques et de respecter les règles de distanciation physique, dans l'ensemble des bâtiments fédéraux, ainsi que dans les services du secteur public.

Selon l'agence « Associated presse », Biden exhortera l'ensemble des Américains à porter des masques, au cours des 100 premiers jours de son mandat.

De même, Biden a exhorté le gouvernement à adhérer, à nouveau, à l'OMS après que Trump s'était retiré de l’organisation, au courant de l'année 2020, l'accusant d’incompétence et d'être à la solde de la Chine concernant la pandémie de la Covid-19.

De plus, le nouveau président américain signera des décrets exécutifs permettant le retour de Washington à l'accord de Paris sur le climat, afin d’honorer une promesse faite durant sa campagne.

Trump, un des principaux soutiens à l’exploitation du pétrole, du gaz et du charbon, avait donné une priorité absolue à se retirer des efforts mondiaux déployés pour réduire les émanations de gaz qui portent atteinte au climat et à l'environnement.

Un délai de 30 jours sera nécessaire afin d'assurer un retour officiel des Etats-Unis à l'Accord de Paris.

Au plan interne aussi, Biden mettra fin à l'interdiction imposée à l’accès au sol américain de ressortissants de sept pays musulmans, interdiction infligée par Trump en janvier 2017.

Biden mettra immédiatement fin à l'état d'urgence national décrété par Trump au niveau des frontières, au mois de février 2018, afin de procéder à une réallocation des milliards de dollars du département de la Défense destinés à la construction du mur frontalier avec le Mexique, toujours selon l’AP.

Le nouveau président mettra fin à la construction du mur frontalier et examinera les moyens d'une réallocation des fonds.

Concernant l'immigration et les immigrants illégaux, Biden ordonnera au gouvernement de travailler dans le sens de maintenir la procédure du report d'expulsion destinée aux personnes venues à l’âge de l’enfance, plus connu sous le nom de DACA.

Cette mesure avait assuré une protection contre le danger d'expulsion à des centaines de milliers de personnes venues de leur pays, alors qu'ils étaient encore enfants.

Biden abrogera également l'un des premiers décrets exécutifs pris par Trump, en vertu duquel toutes ces personnes, dont le nombre est estimé à 11 millions, qui ont accédé au sol américain de manière illégale, font partie des premières cibles de l'expulsion.

Le département de la Sécurité intérieure procédera à la révision des priorités d'exécution.

La campagne de Biden explique sur son site électronique que les opérations d'expulsion seront concentrées sur la sécurité nationale et les risques qui guettent la sûreté publique.


  1. Un projet de loi inclusif sur la migration

Dans le cadre des efforts engagés par l'Administration Biden pour résoudre certaines crises locales se rapportant en particulier à la question de la migration aux Etats-Unis, le nouveau président soumettra un projet de loi inclusif sur la migration, dès le premier jour de son investiture.

Ce projet offrira, selon le journal « The Washington Post », un cheminement aux migrants illégaux pour obtenir la nationalité américaine, en l’espace de 8 ans.

Le journal a rapporté, lundi, que le projet de loi protégera les immigrants illégaux en leur offrant la possibilité d’amorcer un processus de cinq ans, au terme duquel ils obtiendront la « Green Card », s’ils vont satisfaire certaines conditions, tels que le paiement d'impôt et la vérification des antécédents judiciaires. Trois ans après l'obtention de cette carte, l’immigrant en question sera en mesure d'être naturalisé américain.

Le nombre des immigrants illégaux aux Etats-Unis est estimé à 12 millions, depuis 2015, tandis que d'autres estimations évoquent des chiffres plus élevés, selon l'agence « Associated Press ».


* Questions internationales


Nombreux sont ceux qui s'attendent à ce que la politique extérieure de Biden réformera ce qui a été considéré comme un gâchis de son prédécesseur Trump, s’agissant en particulier de la relation avec l'Iran et du maintien de la présence militaire américaine en Afghanistan et en Irak.


  1. Réintégration de l'Accord nucléaire

Biden a fait allusion, dans une interview accordée au journal américain « The New York Times », au mois de décembre dernier, quant à la possibilité de réintégrer l'Accord nucléaire, conclu en 2015, entre l'Iran et les grandes puissances, et duquel Washington s'était retiré, au mois de mai 2018, tout en infligeant à Téhéran des sanctions à caractère économique.

En réponse à la question s'il était toujours attaché à ses positions concernant l'accord nucléaire avec l'Iran exprimées dans une tribune publiée sur le site du Réseau d'information CNN en date du 13 septembre dernier, le nouveau président a lancé « Les choses s’avèrent difficiles mais oui ».

Biden avait, notamment, écrit que si l’Iran respectera, à nouveau, de manière intégrale, l'accord nucléaire, les Etats-Unis pourraient réintégrer l'accord en tant que point de départ pour poursuivre les négociations et lever les sanctions imposées par le président Trump à Téhéran.

Biden a affirmé que Washington, en concertation avec ses alliés et partenaires, participera aux négociations et suivra les accords de nature à renforcer et à prolonger les limites imposées au programme nucléaire iranien, ainsi que celles relatives à son programme de missiles balistiques.

Et Biden de poursuivre : « Les Etats-Unis disposent toujours de l'option de lever les sanctions si la situation l'impose et l'Iran le sait pertinemment ».

Citant la candidate de Biden au poste de Secrétaire d'Etat adjointe, Wendy Sherman, l’AP a rapporté, mardi, que le département d'Etat « travaillera avec sérieux sur cette question (l'accord nucléaire) dès lors que nous avons perdu en termes de crédibilité et que nous sommes considérés comme étant plus faible après l'époque de Trump.

Sherman avait occupé le poste le Secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires politiques durant le mandat d'Obama et elle était la négociatrice en chef lors des pourparlers nucléaires avec l'Iran en 2015.

L'accord en question prévoit l'engagement de l'Iran à mettre en veille, durant une période de 10 ans, d'importantes parties de son programme nucléaire, tout en le limitant, de manière substantielle, afin de l'empêcher d'obtenir la capacité à développer des armes nucléaires, le tout en contrepartie de la levée des sanctions qui lui ont été infligées.


  1. La sécurité d'Israël

La relation des Etats-Unis d'Amérique avec Israël suscite toujours l'intérêt de nombreux pays, en particulier, les pays arabes.

La décision de Washington de transférer le siège de son ambassade de Tel-Aviv à la ville sainte de Jérusalem, au mois de mai 2018, avait provoqué une importante vague de protestations et de colère dans la région du Moyen-Orient.

Cependant, il semble que l'Administration Biden n'introduira pas de changements importants sur cette position, bien que le nouveau président américain a toujours soutenu la solution à deux Etats.

En effet, le candidat au poste de Secrétaire d'Etat Antony Blinken, avait déclaré, que dés sa prise de fonction au département, il maintiendra l'ambassade américaine dans la ville de Jérusalem et continuera à reconnaître la ville comme étant la capitale d'Israël.

Il a, également, souligné qu'ils « continueront à offrir leur aide à Israël », qui représente, selon lui, le principal allié des Etats-Unis dans la région, précisant qu'il ne considère pas Israël comme étant un Etat raciste.

Blinken a promis de s'engager à assurer le soutien constant des Etats-Unis à la sécurité d'Israël, indiquant cependant que Biden s’était toujours engagé envers les Palestiniens à respecter la solution à deux Etats.


  1. Le retrait de l'Irak et de l'Afghanistan

Le candidat de président Biden au département de la Défense, Lloyd Austin, avait dévoilé, au cours d'une séance au Sénat consacrée à l'examen de sa candidature, mardi, son intention de mettre fin au conflit en Afghanistan via un règlement politique.

Il a indiqué que Washington a pour « objectif de voir un Afghanistan qui ne représente plus de danger à l'avenir », tout en mettant l'accent sur l'impératif de lutter contre le terrorisme.

Ces déclarations interviennent pour mettre un terme à une longue guerre qui a vu les Etats-Unis s’engager depuis près de deux décennies, et qui a pris fin avec le maintien de 2500 soldats en Irak et des effectifs similaires en Afghanistan.


  1. La relation avec l'Arabie saoudite

L'Arabie Saoudite s'apprête à faire face à une relation plus ferme et plus tendue avec l'Administration Biden, et ce après quatre ans durant lesquels le président Trump avait accordé un appui total à Riyad.

Le site américain « The Hill » avait rapporté, au début du mois de janvier courant, que la relation entre Trump et l'Arabie saoudite était une source de tensions continues entre la Maison Blanche et nombre de Républicains au congrès.

Les parlementaires américains étaient gênés de l'implication du royaume saoudien dans l'assassinat du journaliste saoudien résidant aux Etats-Unis, Jamal Khashoggi, et de l'appui apporté par la Maison Blanche aux actions militaires saoudiennes au Yémen, de même que ces mesures avaient soulevé des critiques acerbes de la part des Démocrates.

Le même site avait indiqué, cependant, que Riyad dispose d'un « outil de chantage » principal qui peut être instrumentalisé avec l’Administration Biden, en l'occurrence, l'approbation de la normalisation de ses relations avec Israël, et ce après que l'Administration Trump a joué les intermédiaires pour le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël d'une part, et le Bahreïn, les Emirats, le Soudan et le Maroc d'autre part.

Il n'en demeure pas moins que cet « outil de chantage », n’interdira pas la candidate au poste de la direction du Renseignement national, Avril Haines, de s'engager à publier un dossier détaillé sur l’assassinat de Jamal Khashoggi, au cas où sa nomination sera approuvée.

Des accusations avaient été adressées à l'Administration Trump, pour avoir fait peu de cas de l'éventuelle implication du prince héritier saoudien, Mohamed Bin Salman, dans ce crime, allant jusqu’à dire que Washington dispose de documents qui prouvent cette hypothèse.

Khashoggi avait été assassiné, le 2 octobre 2018, à l'intérieur du consulat saoudien dans la ville turque d'Istanbul, une affaire qui avait provoqué un tollé auprès de l’opinion publique internationale.


*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou













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