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La "Rencontre nationale" palestinienne : Première embûche sur la voie de la tenue des élections

Mona Saanouni  | 13.11.2019 - Mıse À Jour : 13.11.2019
La "Rencontre nationale" palestinienne : Première embûche sur la voie de la tenue des élections

Palestinian Territory

AA/ Gaza / Nour Abu Aicha

La voie de la tenue des élections palestiniennes ne parait pas balisée dès lors que l’embûche de la « Rencontre nationale » s’est rapidement dressée sur son chemin, à la suite de l’enclenchement d’un différend au sujet de la date de sa tenue, avant ou après la promulgation du décret relatif aux élections.

Le Mouvement Hamas accompagné de plusieurs factions, telles que le Jihad islamique, le Front populaire et le Front démocratique, réclament la tenue d’une Rencontre nationale spécifique qui sera consacrée à l’examen des mécanismes de l’organisation des élections, avant la publication du décret présidentiel relatif à leur tenue.

Cependant, une lettre adressée par le président Abbas au Hamas, via la commission de l’élection présidentielle, mentionne que la « Rencontre » se tiendra après la promulgation du décret.

Le Mouvement Hamas n’a pas commenté officiellement la question Mais, des sources proches du Mouvement ont confié à Anadolu que la direction du Mouvement n’est pas satisfaite et est en train de discuter la teneur de sa réponse.

De l’autre côté, le Mouvement Fatah, conduit par le président Mahmoud Abbas, considère que l’intérêt palestinien commande la tenue de la Rencontre après la promulgation du décret.

Hussein Al-Cheikh, membre du Comité central du Fatah, a, dans un message publié sur son compte Twitter, mentionné que la « tenue du dialogue avant la promulgation du décret présidentiel est synonyme de retour à la case départ dans un discours de sourds qui n’aboutira à rien ».

Des analystes palestiniens ont estimé, dans des déclarations faites à Anadolu, que « le différend relatif à la date de la tenue de la Rencontre nationale est la première entrave sur la voie de la tenue des élections ».

Ils ont, cependant, estimé qu’il est possible de surmonter cette entrave auquel cas « une volonté réelle de couronner de succès les élections ».

Le 28 octobre dernier, le Mouvement Hamas avait annoncé dans un communiqué rendu public, avoir transmis à la commission électorale palestinienne son accord de participer aux élections.

Les factions palestiniennes avaient convenu, le 27 octobre, avec la commission électorale de tenir dans un premier temps les élections législatives qui seront suivies de l’élection présidentielle, dans un laps de temps ne dépassant pas les trois mois, informe un communiqué de la commission.

La dernière élection présidentielle en Palestine avait eu lieu en 2005 et a été couronnée par la victoire de l’actuel président Mahmoud Abbas tandis que les élections législatives, remportées par Hamas, avaient été organisées en 2006.

L’analyste politique, Mustapha Ibrahim, considère que les indices entourant l’ambiance des élections palestiniennes générales, sont globalement négatifs.

Dans un entretien accordé à Anadolu, Ibrahim a indiqué que « des dirigeants de factions ont rapporté que la rencontre du président de la commission électorale Hanna Nacer, avec les factions était empreinte d’une ambiance négative ».

Cependant, Ibrahim considère que « l’existence d’une véritable volonté pour la tenue d’élections est une question extrêmement importante pour dissiper cette ambiance délétère ».

Il estime que l’obstination des factions à tenir la Rencontre nationale avant la promulgation du décret présidentiel émane de leur peur de vider la Rencontre de sa teneur, auquel cas la Rencontre se tiendrait après la promulgation du décret.

Il a précisé dans ce contexte : « Il existe des appréhensions et une peur que le décret ne soit promulgué et que l’on commence par les élections et dans le cas où la Rencontre se tiendrait sera sans utilité dans la mesure où le débat ne pourra pas faire disparaître les entraves et les embûches ».

Parallèlement à cela, les factions appréhendent que le président palestinien ne fasse peu de cas, après la promulgation du décret, de leurs « observations relatives à l’organisation des élections », de même qu’elles appréhendent que les « conclusions de la Rencontre ne soient pas contraignantes ».

Ibrahim estime que le décret présidentiel et la Rencontre nationale pour convenir d’un mécanisme du déroulement des élections sont deux points nécessaires.

De son côté, l’analyste politique Talal Okel considère que la question des élections palestiniennes est une question problématique connue au préalable, « dans la mesure où chaque partie veut imputer la responsabilité à l’autre partie s’agissant de l’entrave de la tenue des élections ».

Dans un entretien avec Anadolu, Okel a indiqué que Hamas et les factions ont montré leur disposition, au début, à tenir des élections non simultanées, mais ont adjoint à cela une demande pouvant être considérée comme étant une condition.

Il s’agit, a-t-il dit, de « tenir une rencontre au niveau des dirigeants qui débattrait des dimensions politiques, des fondements et des mécanismes de l’opération électorale ».

Et Okel de poursuivre : « Les factions ont droit à cela dès lors qu’il est légitime qu’elles connaissent le mécanisme et l’aboutissement du déroulement des élections ».

Néanmoins, le Mouvement Fatah rejette les demandes formulées par les factions et insiste sur la promulgation du décret présidentiel en premier, ce qui est prévu, a-t-il indiqué.

« Ce différend préliminaire relatif à la tenue des élections constitue une partie du différend autour de la réconciliation et relatif à l’actuelle dissension palestinienne », a-t-il ajouté.

« Ce différend constituerait un indice fort quant à la possibilité que les élections échouent », a-t-il lancé.

Okel pense que pour surmonter ces différends internes, il faudrait s’acheminer à la réalisation de la réconciliation et mettre fin à l’état actuel de dissension, et ensuite organiser des élections.

L’analyste politique Houcem Al-Dajni a indiqué, sur un autre plan, que le dernier message de Abbas évoque les élections du Conseil législatif et de la Présidence et omet le déroulement des « élections du Conseil national », représentatif des Palestiniens à l’étranger.

Il a souligné que cela contredit le consensus des factions avec le président de la commission électorale, qualifiant cela « d’indice négatif quant aux intentions du président d’organiser des élections générales ».

D’un avis différent, l’analyste politique Abdelméjid Souilem, estime que la volonté du président de publier le décret régissant les élections, avant la tenue de la Rencontre nationale s’inscrit dans le cadre de son souci de tenir les élections et de ne pas y entraver l’organisation.

Il s’est interrogé dans son entretien avec Anadolu : « Quelle est l’utilité de tenir cette réunion avant le décret présidentiel, alors que les factions n’ont pas convenu de quelque chose de précis? Un veto sera opposé aux élections et elles échoueront ».

« L’objectif du président de cela, a-t-il encore dit, n’est pas d’entraver les élections mais d’éviter toute possibilité de les entraver ».

« Lorsque le président publiera le décret, l’objectif n’est pas d’imposer un préalable mais de confirmer la tenue des élections à une date déterminée », a-t-il conclu.

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