AA / Tunis
Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, a insisté, jeudi, sur le rôle de son organisation en tant que "force de proposition", dénonçant ce qu'il a considère comme un "monopole" des autorités et appelant à l'ouverture de "négociations sociales".
Tabboubi s'exprimait à l'occasion d'un rassemblement ouvrier de plusieurs centaines de travailleurs, devant le siège de l'UGTT à Tunis, à l'occasion de la fête du travail, le 1er mai.
"La plupart des Tunisiens ont vu leur espoir s'évaporer de pouvoir affronter la situation désastreuse", a-t-il martelé, pointant ce qu'il a qualifié de "politique de monopole" de la décision, "qui ne peut qu'empirer la situation", a-t-il déclaré.
Tabboubi a rappelé que son organisation avait lancé plusieurs initiatives, privilégiant l'interaction positive à l'affrontement, insistant sur le rôle de l'UGTT en tant "que force de proposition".
"Nous ne resterons pas les bras croisés dès qu'il s'agit du destin de notre pays", a prévenu le secrétaire général de l'UGTT.
Il est à rappeler que le président tunisien, Kaïs Saïed, considère que l'UGTT a juste un rôle syndical. "Le droit syndical est garanti par la Constitution, et ne peut devenir un couvercle à des agendas politiques", avait déclaré le président Saïed en janvier 2023.
Lundi, la centrale syndicale a émis un communiqué dénonçant "la politique d'exclusion adoptée par le gouvernement et toutes les structures ayant discuté le projet d'amendement du Code du travail", exprimant son "rejet total de tout ce qui va en résulter".
Tabboubi a considéré que la consultation de l'organisation patronale (Utica) dans l'élaboration de ce projet, et l'exclusion du Syndicat, constituait "un penchant en faveur d'une seule partie au détriment des autres composantes de la force de production".
"Jour après jour, le pouvoir d'achat de la plupart de la population continue de se dégrader", a déploré Tabboubi, "dans un contexte de hausse des prix et de pénuries de certains produits de base".
Sur la période 2022-2024, l'inflation a dépassé la barre de 8%, alors que le taux de chômage a stagné à 16%, soit 700 mille chômeurs et que le taux de croissance n'a pas dépassé 1,4%, selon le chef de l'UGTT.
Il a à la fin de son discours appelé à l'ouverture de "négociations sociales", affirmant qu'il s'agit d'un "droit et non pas une faveur", et ce, "au plus bref délai, afin de préserver la stabilité sociale et les droits des travailleurs".
En juillet 2021, Kaïs Saïed avait adopté des mesures exceptionnelles, dont la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple et du Conseil de la magistrature, l'adoption d'une nouvelle constitution par voie référendaire et l'organisation de législatives anticipées.
Plusieurs forces tunisiennes considèrent ces mesures comme un coup de force contre la constitution de 2014 (issue de la révolution), mettant en place un système autocratique, alors que d'autres acteurs pro-Saïed les considèrent comme un redressement du processus révolutionnaire de 2011.