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Soleyman el-Halaby: le jeune érudit kurde qui a infligé de lourdes pertes à la colonie française en Egypte

- La dague et le crâne d'el-Halaby, ramenés en France, sont entreposés dans des musées

Ayvaz Çolakoğlu  | 17.06.2021 - Mıse À Jour : 22.06.2021
Soleyman el-Halaby: le jeune érudit kurde qui a infligé de lourdes pertes à la colonie française en Egypte

Ankara

AA/Strasbourg

El-Halaby, qui serait membre de la famille kurde Evs Qubar selon des sources françaises, est né en 1777 dans le village de Kukan à l'intérieur des frontières de la ville syrienne d'Afrin.

El-Halaby a d'abord été envoyé à la Mecque et à Médine, puis en Égypte en 1797, pour apprendre les sciences islamiques par son père, Mohammad Amin, un marchand de beurre et d'huile d'olive.

El-Halaby s'est inscrit à l'institut Al-Azhar au Caire, et a commencé à travailler comme calligraphe en plus de ses études scientifiques.

Après avoir terminé ses études de madrasa, El-Halaby est retourné dans son village en Syrie au début de 1800, et après un certain temps s'est rendu en Palestine pour visiter la mosquée Al-Aqsa.

- Des officiers ottomans ont chargé El-Halaby d'exécuter un général colon

El-Halaby, dont le chemin a croisé celui de deux officiers du renseignement ottoman à Jérusalem, s'est vu confier la tâche d'assassiner le général Jean Baptiste Kleber, commandant des forces coloniales d'occupation en Égypte.

Le jeune érudit de 23 ans a accepté la tâche et est retourné au Caire 20 jours plus tard par le biais d'une caravane commerciale. Ayant trouvé refuge dans la cour de la mosquée de la ville, il planifia l'assassinat.

El-Halaby a affirmé sa détermination à quatre érudits syriens qui tentaient de le dissuader dans la cour de la mosquée où il séjournait : "Non, cette histoire a trop duré, je vais en finir maintenant."

Selon les procès-verbaux d'interrogatoire, le jeune érudit kurde a observé le palais du général pendant un mois et s'est procuré un poignard dans la ville de Gizeh pour tuer Kleber, qui persécutait les musulmans.

Le 14 juin 1800, el-Halaby, déguisé en mendiant, s'introduisit dans le jardin du palais dans lequel Kleber séjournait au Caire et se cacha derrière un mur en ruine. Lorsque le général entra dans le jardin, el-Halaby s'approcha secrètement de lui et poignarda le commandant colonial quatre fois, et six fois l'ingénieur français Protain, qui essayait de le protéger.

Kleber est mort immédiatement après avoir reçu les coups de poignard, tandis que Protain, grièvement blessé, est décédé quelques jours après.

El-Halaby s'est échappé en enterrant le poignard, mais a ensuite été retrouvé par des soldats français dans sa cachette.

- "J'ai été envoyé par les janissaires"

Selon les procès-verbaux d'interrogatoire de la police coloniale française, el-Halaby, qui a été identifié par le turban vert de Protain, a été arrêté et emprisonné aux côtés de quatre personnes qui étaient au courant de l'assassinat.

El-Halaby a avoué l'assassinat après avoir été torturé pendant longtemps. Il a affirmé qu'il avait été chargé par le janissaire ottoman de tuer Kleber, qui a infligé de lourdes pertes aux armées ottomanes.

L'administration coloniale a décidé de l'empalement d'el-Halaby et de la décapitation des quatre érudits.

El-Halaby, qui a été empalé vivant après que sa main a été brûlée, a rendu l'âme après avoir souffert pendant quatre heures.

Moins d'un an après l'assassinat de Kléber, les forces françaises en Egypte ont été contraintes de se retirer.

Le médecin français Dominique-Jean Larrey, qui a assisté à l'exécution, a déclaré dans un article rédigé en 1803 qu'el-Halaby n'a pas renoncé à sa dignité jusqu'au moment de sa mort.

- Les forces coloniales françaises ont exhibé le crâne d'el-Halaby à Paris sous le nom de "criminel"

L'histoire héroïque de Soleyman El-Halaby a été transformée en pièce de théâtre intitulée Soleyman El-Halaby par le nationaliste arabe, Alfred Farag en 1965.

Le crâne et le poignard d'el-Halaby, dont le nom a été donné à un quartier d'Alep, ont été emmenés en France par l'administration coloniale.

Le poignard, actuellement exposé au Musée de la ville de Carcassonne, témoigne de la bravoure d'el-Halaby, tandis que le crâne, actuellement entreposé au Musée de l'homme à Paris, mais un temps exposé en France sous le nom de "criminel", témoigne de la brutalité du colonialisme français.

Sous la statue du général Kleber, située sur la place Kleber dans la ville de Strasbourg, se trouvent les restes de Kleber. Le Musée d'histoire de Strasbourg abrite également un tableau représentant l'assassinat du général Kleber par El-Halaby.

D'autre part, dans la peinture en relief sur la statue, il est à noter qu'une personne avec un turban sur la tête est représentée sous les pieds du cheval du commandant colonial Kléber.

La phase "les soldats ne répondent à ce genre de grossièreté (rébellion) qu'avec des victoires" est inscrite sur le tableau.

- Un ingénieur égyptien veut que la dépouille d'el-Halaby soit renvoyée dans son pays

L'administration égyptienne, proche de l'administration française, n'a jamais essayé de ramener les restes d'el-Halaby dans son pays.

Cependant, l'ingénieur égyptien Ihssan Muharram mène une campagne locale et internationale afin que les restes d'el-Halaby soient ramenés en Égypte et enterrés toute dignité.

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