AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

Plus de 200 000 ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) "en situation irrégulière" en Angola sont rentrés dans leur pays, depuis le début d'une opération lancée en octobre par le gouvernement angolais contre les « étrangers en situation irrégulière », a-t-on appris mardi d’une source officielle du Kasaï (centre).

"Plus de 200 000 de nos compatriotes sont rentrés au pays depuis deux semaines. C'est ce que nous ont rapportés les services angolais. Ce sont des chiffres qui nous ne pouvons pas contester car il y a réellement un afflux de retournés chez nous", a déclaré mardi à Anadolu Marc Manyanga, gouverneur de la province du Kasaï (centre) qui accueille ces refoulés.

"La majorité d'entre eux sont de retour volontaire après le lancement d'une opération anti-immigrés dans la province de Lunda Norte ( frontalière avec la RDC )", a-t-il expliqué.

D'autres ont été débarqués par la police", a ajouté le gouverneur affirmant que les refoulés ont rapporté "des graves allégations révoltantes" contre la police angolaise.

Parmi les refoulés se trouvent également des "réfugiés congolais détenant la carte internationale du HCR", a affirmé auprès d'Anadolu Léon Mwamba, vice-président de la société civile de Kamako, localité congolaise aux portes de l'Angola.

"Certains sont blessés, d'autres affirment avoir perdu leurs biens, nous vérifions également les allégations de viols sur des femmes", a-t-il ajouté.

A Kinshasa, une ONG de défense des droits de l'homme, l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj), a écrit à l'ambassadeur d'Angola, recommandant à Luanda de "faire mener une enquête crédible sur les exactions alléguées par les immigrants afin de faire sanctionner leurs auteurs".

"Le président Joseph Kabila a chargé son vice-premier ministre de l'Intérieur et de la sécurité pour enquêter sur ces allégations, les enregistrer et étudier une réaction proportionnelle", a déclaré à Anadolu le vice-ministre des Affaires étrangères, Âgée Matembo, indiquant que la RDC "n'avait pas été saisie préalablement de cette opération de refoulement d'immigrés".

"On ne peut pas s'attaquer à nos concitoyens sans nous saisir", s'est emporté le ministre.

Une quarantaine de ressortissants congolais auraient trouvé la mort depuis le début du mois en marge de cette opération, selon un décompte fait par le représentant des Congolais dans la province angolaise de Lunda Norte, René Tshibangu.

Une dizaine de congolais ont été tués par les forces de sécurité lors du refoulement alors que 34 personnes ont trouvé la mort dans un accident de la route, pendant qu'ils étaient à bord d'un bus de la police.

L'opération a été lancée début octobre dans plusieurs provinces angolaises contre principalement des "etrangers en situation irrégulière dans les maisons d'achat de diamants", selon la télévision publique angolaise (TPA).