Afrique

Cameroun / Crise anglophone : plus de 50 civils tués par l'armée en février

- Selon le rapport mensuel de l'ONG International Crisis Group.

Lassaad Ben Ahmed  | 04.03.2020 - Mıse À Jour : 04.03.2020
Cameroun / Crise anglophone : plus de 50 civils tués par l'armée en février  Photo d'archives

Cameroon

AA / Yaoundé / Peter Kum

Plus de 50 civils ont été tués par l’armée, en février, dans les régions anglophones du Cameroun, dans des opérations de traque de présumés séparatistes, a rapporté International Crisis Group dans son rapport mensuel paru mercredi.

« Dans les régions anglophones, les militaires ont lancé des raids sur les communautés soupçonnées d'accueillir des séparatistes, qui ont fait plus de 50 morts parmi les civils », a indiqué l’ONG Crisis Group sur son site officiel.

« Les soldats soutenus par la milice Fulani, 14 février, auraient tué 23 civils dans le village de Ngarbuh ; le gouvernement a déclaré que ce [malheureux accident] avait été causé par une explosion lors d'affrontements avec des séparatistes alors que l'ONU, l'UE et les États-Unis ont demandé une enquête indépendante », a souligné l’organisation.

L’ONG a indiqué aussi que les affrontements entre soldats et séparatistes du 3 au 5 février ont fait cinq morts dans le village de Bamali dans la région du Nord-Ouest du pays.

« Les forces de sécurité auraient tué au moins six civils dans le village de Kuk, la ville de Babessi et la ville de Bamenda du 17 au 19 février. Vingt civils auraient aussi été tués dans le village de Fungom le 20 février, et plusieurs personnes dont sept séparatistes présumés dans le village de Babanki le 29 février», détaille encore le rapport.

« Dans le Sud-Ouest, les séparatistes ont ouvert le feu sur un véhicule, tuant un civil dans le village d'Ekombe, le 3 février. Le 20 février les sécessionnistes ont aussi tué un chauffeur de camion dans la ville de Muyuka. Des militaires ont tué trois civils dans le village d'Ikata le 3 février, six séparatistes présumés ont été tués dans le village de Bakebe le 6 février, et au moins trois civils auraient été tués dans le village de Bakundu le 20 février », a énuméré Crisis Group.

L’ONG internationale, dont la mission est de prévenir et d'aider à résoudre les conflits meurtriers, a également dressé un bilan dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, où plus de vingt civils et un militaire ont été tués dans les incursions de Boko Haram en février.

« Trois combattants du mouvement terroriste ont été aussi neutralisés » par l’armée selon Crisis Group.

Le gouvernement camerounais n’a pas encore commenté ce rapport.

Toutefois, dans des circonstances précédentes, il avait réfuté les chiffres avancés par des ONG telles que Crisis Group et Human Rights Watch (HRW) sur la mort des civils en zone anglophone.

En effet, s’exprimant sur le récent rapport de HRW sur le massacre de Ngarbuh dans le Nord-Ouest, par exemple, le porte-parole du gouvernement camerounais, René Sadi, a rejeté le contenu dudit rapport.

Pour ce cas précis, le Gouvernement avait reconnu la responsabilité de l’armée, évoquant un « malheureux accident », mais n’a reconnu que 5 morts parmi les civils. Il avait indiqué aussi que 7 séparatistes avaient été tués.

Le ministre René Sadi a affirmé que les témoignages de HRW étaient « non authentifiés » et « inspirés par des sources généralement non identifiées dont personne ne peut certifier la fiabilité ».

Ce, d’autant que, selon le membre du gouvernement, ils sont « obtenus sous la contrainte, auprès des populations, soit inféodées malgré elles aux terroristes, soit, menacées de représailles qu’elles pourraient subir du fait d’un témoignage mettant en cause les bandes armées sécessionnistes ».

La crise anglophone avait éclaté en octobre 2016, avant de se transformer en insurrection armée, fin 2017, avec pour finalité d’obtenir l’indépendance des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et de bâtir un Etat dénommé Ambazonie.

Les combats dans le cadre de cette crise ont déjà fait plus de 3.000 morts depuis 2017 et forcé plus de 700.000 personnes à fuir vers d'autres régions, selon un récent rapport d’Amnesty international (février 2020).

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