Afrique

Burundi : Vanessa, la « happy sister » qui joint le jeu à l’entrepreneuriat (Portrait)

Nadia Chahed  | 23.05.2018 - Mıse À Jour : 23.05.2018
Burundi : Vanessa, la « happy sister » qui joint le jeu à l’entrepreneuriat (Portrait)

Bujumbura

AA / Bujumbura / Yvan Rukundo

Elle n’a que 28 ans, mais elle est parvenue à joindre le plaisir au business dans un esprit entrepreneurial spontané, en mettant en place une salle de jeux-vidéo en plein centre-ville de Bujumbura, faisant parler d’elle, chaque jour un peu plus.

Vanessa Kaneza, alias « happy sister » est une belgo-burundaise, qui a su combler un espace vierge, à travers un projet lucratif, lui permettant de gagner sa vie mais surtout, permettant aux jeunes de se divertir et de s’ouvrir sur la technologie.

Sa salle de jeu lui permet, en effet de s'assurer des revenus confortables, et ce, depuis qu’elle s’est lancée dans ce business peu commun au Burundi.

«Chaque jour, j’observais mon frère jouer aux jeux vidéo et je voyais à quel point cela lui procurait du plaisir. J'ai compris que c'était un divertissement qui pouvait séduire beaucoup de jeunes», confie-t-elle.

Native de Bujumbura, Vanessa, qui ne perd jamais son sourire éclatant, est l’aînée d’une famille de deux enfants. La jeune femme a vécu une enfance peu stable.

Suite à l’éclatement de la crise après le coup d’Etat sanglant du 21 octobre 1993, elle n’avait alors que trois ans, Vanessa part avec ses parents pour se réfugier en Ouganda. Deux ans après, elle s’est retrouvée en Tanzanie.

Quatre ans après, ils sont partis pour Bruxelles et Vanessa y obtient la nationalité belge, raconte-t-elle.

Et c’est à Kampala, la capitale ougandaise puis en Belgique qu’elle fait la découverte des salles de jeux-vidéo.

Ainsi, à son retour au pays, en 2010, Vanessa avait déjà en tête l’idée d’installer une salle de jeu vidéo au Burundi, où le terrain numérique est encore vierge.

Grâce à l’appui de son père, elle s’équipe de six écran-plats, six consoles, des manettes et beaucoup de compacts disques (CD), des chaises, etc.

Elle loue une salle de 5m sur 10 m en plein centre-ville et l’appelle ‘’Kina Game World’’. Le mot ‘’ Kina’’ étant du Kirundi, langue nationale signifiant ‘’ jouez’’.

«C’est un lieu de détente et de divertissement pour tout le monde. En attendant le bus, les jeunes, les élèves qui rentrent de l’école, etc., peuvent se détendre», explique-t-elle, notant qu’elle reçoit une vingtaine de visiteurs par jour en moyenne.

Et de préciser que la grande affluence se remarque dans l’après-midi et les week-ends. Le droit d’entrée variant entre 0.5 et 1 dollars et il y a plus de quinze jeux.

«A leur retour de l’école, des lycéens et des étudiants y passent en moyenne une vingtaine de minutes. Comme tout le monde n’est pas expérimenté en la matière, ils jouent en duo. Et c’est surtout les jeux de foot qui les intéressent le plus », affirme la jeune maman, qui, aujourd’hui, a déjà embauché deux employés pour l’encadrement de ses visiteurs.

«Moi je m’occupe de la caisse», précise-t-elle, ajoutant que la majorité des visiteurs sont des enfants venant des quartiers Rohero, Kiriri, Mutanga-Sud, etc. au centre de la capitale.

Autrement dit, des jeunes issus de familles relativement aisées et qui peuvent se procurer facilement le droit d’entrée, ajoute-t-elle, précisant que l'influence aujourd'hui est telle, que son espace commence à être trop étroit pour accueillir tous les visiteurs.

Pour les filles et les femmes peu intéressées par les jeux vidéo, Vanessa a trouvé un Plan B : «des jeux prétendus plus féminins comme des chorégraphies à imiter, du tennis, etc».

«C’est vraiment une excellente idée. Je voyais ces jeux à la télé. Je ne pensais pas qu’un jour, il y aurait une salle à Bujumbura. J’y passe au moins cinq fois par semaine», témoigne Edmond, un adolescent de Kiriri, rencontré sur place.

Elie, un autre lycéen, note que ces jeux lui permettent de se «rafraîchir le cerveau» après plusieurs heures sur le banc pupitre.

«C’est comme faire du sport», dit-il, mentionnant que cela n’a pas d’impact négatif sur ses activités scolaires. Chez lui, c’est la course à moto qui l’intéresse.

Femme au grand coeur, Vanessa donne également l’occasion aux enfants errant dans les rues du centre-ville de découvrir gratuitement ce monde. « Ils y ont un accès gratuit dans la matinée, quand les clients ne sont pas encore nombreux», indique-t-elle.

Cela lui a valu le surnom de ‘’Happy sister’’. «Nous l’appelons comme ça parce qu’elle nous donne l’occasion d’être à côté des autres, dans une salle climatisée pour jouer», se réjouit une fillette, croisée devant le «Kina Game World».

«Elle est très gentille et nous donne quelquefois à manger», renchérit-elle.

Ainsi, Vanessa gagne financièrement et socialement. «C’est vraiment un projet prometteur qui me permet de satisfaire mes besoins, ceux de mon bébé, etc.», témoigne-t-elle, ajoutant que cette salle lui a permis d’être très proche des enfants démunis.

Avec ses entrées mensuelles, Vanessa pense déjà à agrandir le projet et à ouvrir d’autres salles de jeux-vidéo à Bujumbura, à Gitega (2ème ville du pays au centre du pays), à Ngozi (au nord du pays), etc.

En outre, investir dans le cinéma lui tient également à cœur.

«Cela me permettra de gagner beaucoup étant donné que c’est une nouveauté très attrayante », espère-t-elle, déplorant néanmoins les cas de coupures de courant susceptibles de lui mettre le bâton dans les roues.

Et là, Vanessa Kaneza projette de se doter d’un groupe électrogène pour chaque salle.

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