Afrique

Burundi : Des prisonniers politiques en grève de la faim

- Leur démarche intervient pour contredire la ministre burundaise de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, qui a déclaré devant le parlement qu’il n’y a pas de «prisonniers politiques» au Burundi.

Lassaad Ben Ahmed  | 17.09.2018 - Mıse À Jour : 18.09.2018
Burundi : Des prisonniers politiques en grève de la faim

Burundi

AA / Bujumbura / Jean Bosco

Une soixantaine de détenus «politique» au Burundi ont entamé un mouvement de grève de la faim pour réclamer leur libération, a-t-on appris de sources concordantes.

Leur démarche intervient en réaction à une récente déclaration de la ministre burundaise de la Justice, Aimée Laurentine Kanyana, qui a déclaré devant le parlement qu’il n’y a pas de «prisonniers politiques» au Burundi.

«Nous avons été choqués par la déclaration de la ministre de la Justice qui a nié devant les députés et sénateurs notre situation. Alors on fait la grève de la faim pour deux jours pour lui montrer que nous existons», a rapporté, dimanche soir, le collectif des journalistes indépendants, SOS-Médias.

«Nous voulons que notre action ne soit pas récupérée politiquement. Cela irait à l'encontre de notre objectif premier».

Ce mouvement de grève qui s’étendra sur deux jours (dimanche et lundi) a été également confirmé par les associations burundaises de défense des droits de l’homme.

«Les prisonniers politiques ont entamé un mouvement de grève de la faim pour s’insurger contre l’assertion de Madame Aimée Laurentine Kanyana, ministre de la Justice, devant le congrès», a déclaré sur son compte twitter l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture au Burundi, ACAT-Burundi.

Il s’agit d’un «rappel des violations des droits de l'homme», a-t-elle ajouté.

En janvier dernier, le président burundais, Pierre Nkurunziza a ordonné la libération de plus de 2000 prisonniers, à l'occasion de son message de vœux à la Nation.

A cette occasion, le président burundais avait aussi donné les détails sur les bénéficiaires de cette mesure.

«Nous avons décidé de gracier les prisonniers qui purgent une peine ne dépassant pas cinq ans, les femmes enceintes ou allaitantes, les détenus vivant avec un handicap flagrant, ceux qui ont déjà purgé la moitié de leur peine, et bien d’autres, compte tenu de la gravité des délits et de leur comportement dans leurs lieux de détention», a déclaré le président burundais.

Officiellement, le gouvernement burundais nie toujours l’existence de prisonniers politiques, alors que des militants des droits de l’homme affirment l’existence d’au moins 2000 prisonniers politiques.

La majorité de ces opposants ont été condamnés pour leur participation au mouvement de protestation, fin avril 2015, soit juste après l’annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat.

Pour une population de près de 11 millions d’habitants, le Burundi compte plus de 10.000 prisonniers dont près de 6000 sont condamnés, selon l’Association pour la protection des droits de l’homme et des prisonniers, Aprodh. Le taux d’occupation des centres de détention dépasse 250%.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın