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Algérie : Les élections locales n’ont pas chamboulé la carte politique du pays

- C’est dans l’objectif de renouveler la classe dirigeante au niveau national et conférer, comme l’a toujours affirmé le Président algérien, « plus de légitimité aux Assemblées élues », qu’ont été organisées les dernières élections locales.

Fatma Bendhaou  | 02.12.2021 - Mıse À Jour : 02.12.2021
Algérie : Les élections locales n’ont pas chamboulé la carte politique du pays

Algeria


AA/Alger/Aksil Ouali

La mise en œuvre de l’agenda politique du Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, est arrivée à sa dernière étape avec l’organisation, le 27 novembre dernier, des élections locales anticipées. C’est le quatrième rendez-vous électoral depuis l’éclatement du mouvement populaire, Hirak, du 22 février 2019 réclamant « un changement radical du système en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 ».

Il y a eu d’abord la présidentielle du 12 décembre 2019 qui a conduit, Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre et Premier ministre sous Abdelaziz Bouteflika, à la tête de l’Etat. Il s’est aussitôt engagé « à satisfaire les revendications des Algériens » en mettant en œuvre une feuille de route devant aboutir « à un renouvellement institutionnel dans le pays ».

Sept mois après la présidentielle, il a organisé, le 1er novembre 2020, un référendum de révision constitutionnelle. Cette étape a été suivie, tout de suite après, par la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) et l’organisation, le 12 juin 2021, des élections législatives. C’est toujours dans l’objectif de renouveler la classe dirigeante au niveau national et conférer, comme l’a toujours affirmé le chef de l’Etat algérien, « plus de légitimité aux Assemblées élues », qu’ont été organisées les dernières élections locales.


- Recul des partis traditionnels

Ces élections ont-elles scellé le changement proclamé par Abdelmadjid Tebboune ? Pour les observateurs de la scène algérienne, « tous ces rendez-vous électoraux, dont les dernières locales, n’ont pas bouleversé la carte politique du pays ». Et cela même si le recul des partis traditionnels était remarquable, selon les résultats provisoires du dernier scrutin annoncés, mardi dernier par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi.

En effet, les anciens partis au pouvoir, en l’occurrence le Front de libération national (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), sont arrivés en tête dans près de la moitié des 1541 communes du pays. L’ex-parti unique (FLN, NDLR) est arrivé premier avec 5978 sièges dans près de 700 communes. Le RND, quant à lui, est arrivé deuxième avec 4584 sièges gagnés dans près de 400 communes.

Malgré cette « victoire », ces partis semblent avoir subi les conséquences du ‘’Hirak’’, car leurs résultats sont beaucoup moins importants que ceux obtenus, par exemple lors des élections locales de 2017 où ils ont contrôlé la majorité des communes et des Assemblées populaires de wilayas (APW-départements). En attendant de connaître le nombre de voix obtenues, à l’occasion de la proclamation des résultats définitifs de ce scrutin par la Cour constitutionnelle, ces deux partis qui ont été sévèrement critiqués par les Algériens en 2019, ont cédé beaucoup de terrain.

Leur capital voix lors des dernières législatives est descendu de près de 60%. Moins de 400 000 voix pour le FLN au lieu de 1,6 millions de voix habituellement et moins de 300 000 suffrages pour le RND qui avait atteint 1 millions de voix en 2017.


- Les indépendants : trouble-fête

Le recul de ces deux partis a profité, non pas à leur concurrent dans l’opposition, mais aux listes des indépendants. Ces derniers ont créé, comme ce fut le cas lors des dernières législatives, la surprise en surclassant « des ténors de la politique algérienne ».

Ils ont, selon les chiffres de l’ANIE, obtenu 4532 sièges aux Assemblées populaires communales (APC), arrivant ainsi à la troisième position derrière le FLN et le RND. Leurs résultats aux Assemblées populaires de wilayas (APW) sont encore meilleurs, puisqu'ils se classent à la deuxième place avec 443 sièges, avec une majorité relative dans 10 wilayas.

Lors des dernières législatives, les indépendants ont gagné 87 sièges qui les placent comme deuxième force à l’Assemblée populaire nationale. Cette percée, estiment toujours les analystes algériens, s’explique par plusieurs facteurs, dont le « fort taux d’abstention qui avoisine les 65% du corps électoral » et la faiblesse de l’opposition, toutes tendances confondues.


- Déroute des partis islamistes

C’est le cas de la mouvance islamiste qui a enregistré une nouvelle déroute. La meilleure des formations de cette obédience, à savoir le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’est arrivée, à l’issue de ce scrutin, qu’à la 6ème place, avec 1820 sièges APC et 239 sièges à travers 5 wilayas.

Les autres partis de la même obédience, dont El Bina, El Islah, le Front pour la justice et le développement (FJD), le PEP (parti pour l’équité et la proclamation) et le PLJ (parti pour la liberté et la justice) n’ont réalisé que des scores symboliques allant d’un à dix sièges. Ce résultat confirme la chute libre de la mouvance islamiste qui, visiblement, n’attire plus les Algériens.

Même scénario pour l’opposition démocratique. La participation du Front des forces socialistes (FFS), très ancré en Kabylie (à l’est d’Alger), à cette joute politique n’a pas pesé lourd sur le taux de participation dans cette région, qui était l’un de plus faible du pays, avec moins de 20% de votants (le taux national était de 35,96%). Ce parti n’a pas également profité du boycott de cette élection par ses concurrents dans le camp démocratique, particulièrement le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Il n’a gagné que 111 communes et 898 sièges APC. Ainsi, de l’avis même des acteurs politiques du pays, la situation reste inchangée. Statu quo !

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