Algérie : 10 ans de prison requis en appel contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal

- Il a été condamné à 5 ans de prison en première instance pour « atteinte à l’unité nationale »

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le parquet d’Alger a requis, mardi matin, une peine de 10 ans de prison contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale », selon une information rapportée par la presse française.

Incarcéré depuis novembre, il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à une peine de 5 années d’emprisonnement le 27 mars dernier, au terme de son procès en première instance.

Le parquet avait néanmoins requis, comme en appel, 10 ans de prison.

Dans le détail, Boualem Sansal est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation dont « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».

Au cours de la procédure judiciaire, il s’est justifié en indiquant qu’il n’avait aucune « intention de porter atteinte à l’Algérie » et qu’il n’a « fait qu’exprimer une opinion ».

Naturalisé français en 2024, l’écrivain est au cœur de vives tensions entre Alger et Paris. Le président français, Emmanuel Macron, et plusieurs membres de son gouvernement ont appelé à sa libération.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage à l’été 2024, sur fond de reconnaissance, par Paris, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Abdelmajid Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.

Plus récemment, les deux pays s’opposent par ailleurs quant à la politique migratoire voulue par la France qui tente de procéder à l’expulsion de ressortissants algériens en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, et se heurte à un blocage de la part d’Alger.
Côté algérien, le président Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».

« Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré.