
France
AA / Paris / Ümit Dönmez
En 2019, 8 % des salariés du secteur privé percevaient un bas salaire, selon un rapport publié récemment par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).
Dans son rapport daté du 20 septembre 2022, l'INSEE précise qu'un bas salaire est, selon la définition de l'OCDE, "un emploi qui les rémunère moins que les deux tiers du salaire médian, soit 1 310 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP)".
Il rappelle, qu'en 2019, ce niveau de salaire était légèrement supérieur au Smic, qui s’élevait à 1 204 euros nets par mois.
- Les femmes et les jeunes, premières victimes de l'inégalité des revenus
L'INSEE rapporte que plus de la moitié des personnes à bas salaires sont des femmes (54 %), alors qu’elles ne représentent que 42 % de l’ensemble des salariés du privé. Ainsi, au total, 10 % des femmes du secteur privé perçoivent un bas salaire.
L'institut statistique note également qu'un salarié sur quatre à bas salaire a moins de 26 ans, contre un sur dix de l’ensemble des salariés du privé, et en conclut que percevoir un bas salaire est plus fréquent parmi les jeunes.
L'INSEE explique cela par deux facteurs : d’une part, les salariés de moins de 26 ans ont en moyenne moins d’expérience professionnelle que leurs aînés, ce qui explique des salaires inférieurs.
"D’autre part, les peu ou pas diplômés, en moyenne moins rémunérés, y sont surreprésentés, car sortis plus tôt du système scolaire, contrairement aux jeunes poursuivant leurs études", lit-on dans le rapport.
Par ailleurs, l'INSEE note que les bas salaires sont plus fréquents dans les Départements d'Outre-mer, où la part des salariés à bas salaires est en moyenne de 14 %.
- Bas salaires concentrés dans le secteur tertiaire
Dans son rapport, l'institut statistique note également que les bas salaires sont concentrés dans le secteur tertiaire, c'est-à-dire le secteur économique des services.
Ainsi, 83 % des salariés à bas salaires ont un emploi dans le secteur tertiaire, davantage que l’ensemble des salariés du secteur privé (75 %) et 90 % des femmes à bas salaires travaillent dans ce secteur, contre 86 % de l’ensemble des salariées du privé, lit-on dans le rapport.
"Femmes et hommes confondus, 16 % des salariés à bas salaires travaillent dans les services d’action sociale (contre 3 % pour l’ensemble des salariés du privé)", selon l'INSEE.
"7 % des salariés à bas salaires travaillent dans les services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager (contre 2 %). En revanche, les bas salaires sont sous-représentés dans l’industrie, qui en rassemble 8 %, contre 17 % de l’ensemble des salariés du privé", indique encore le rapport.
- Femmes employées et hommes ouvriers
48 % des salariés à bas salaires, soit près de la moitié, sont des employés, 39 % sont des ouvriers, 9 % occupent une profession intermédiaire et 4 % un poste de cadre ou de chef d’entreprise salarié, selon le rapport de l'INSEE.
Ainsi, parmi les femmes à bas salaires, 64 % sont des employées, tandis que les hommes sont le plus souvent des ouvriers (57 %).
"25 % des femmes à bas salaires sont notamment employées des services directs aux particuliers : elles sont aides à domicile, aides ménagères (employées par des prestataires), aides de cuisine, coiffeuses ou serveuses ; des métiers que seuls 10 % des hommes à bas salaires occupent", indique le rapport.
De leur côté, 14 % des hommes à bas salaires sont des ouvriers peu qualifiés de type industriel : ils sont par exemple ouvriers de laboratoire, du tri, de l’emballage ou de l’expédition, ou bien manutentionnaires et la moitié d’entre eux travaillent au sein d’établissements ou services d’aide par le travail (ESAT), lit-on encore dans le rapport.
"Les autres professions les plus fréquentes parmi les bas salaires, femmes et hommes confondus, sont les nettoyeurs, les employés de libre-service du commerce, les vendeurs en alimentation et les secrétaires", selon l'INSEE.
- Les emplois à temps partiel et en CDD
En 2019, un salarié à bas salaire sur quatre est en contrat à durée limitée (CDD, intérim, etc.), indique le rapport de l'INSEE, précisant qu'il s'agit de près du double de cette part dans l’ensemble des salariés du privé.
Par ailleurs, 16 % des salariés à bas salaire occupent un emploi aidé (hors apprentissage), contre seulement 2 % de l’ensemble des salariés du privé.
"Les emplois à bas salaires sont aussi plus souvent des emplois à temps partiel, en particulier chez les femmes : 40 % des femmes et 21 % des hommes à bas salaires travaillent à temps partiel, contre 23 % et 8 % dans l’ensemble des salariés du privé", lit-on encore dans le rapport.
L'INSEE souligne que les contrats courts et le temps partiel contribuent également à la précarité salariale à travers la réduction du volume de travail rémunéré.
- Un salarié du privé sur trois perçoit un "bas revenu salarial"
Le rapport de l'INSEE indique également qu'un salarié du privé sur trois perçoit un "bas revenu salarial", une notion à différencier de celle d'un "bas salaire".
Ainsi, le concept de revenu salarial mesure la somme des salaires nets effectivement perçus sur l’année, lit-on dans le rapport, qui précise que "la précarité salariale des individus sur le marché du travail peut être le reflet de bas salaires en équivalent temps plein (EQTP) mais aussi de faibles volumes de travail".
Selon l'INSEE, de façon analogue à la définition d’un bas salaire, un bas revenu salarial peut être conventionnellement défini au regard du seuil des deux tiers du revenu salarial médian, soit 12 600 euros en 2019.
"Avec cette définition, un tiers des salariés du secteur privé ont un bas revenu salarial en 2019, soit quatre fois plus que ceux ayant un bas salaire en EQTP. En moyenne, ils ont exercé une activité salariée pendant six mois seulement et, pour les trois quarts d’entre eux, durant moins de neuf mois", précise le rapport
Ainsi, comme pour les bas salaires, les femmes ont plus souvent un bas revenu salarial : 39 %, contre 28 % des hommes.
Selon l'institut statistique, ceci résulte d’une part d’un volume de travail moyen plus restreint pour les femmes que pour les hommes. Ainsi, "elles sont en proportion bien plus nombreuses à occuper un emploi à temps partiel, parfois de façon contrainte, ou à interrompre leur carrière".
Les plus jeunes salariés sont aussi davantage concernés : 69 % des moins de 26 ans touchent un bas revenu salarial. Ces derniers cumulent à la fois bas salaire et durée d’emploi plus courte "du fait de leur insertion progressive sur le marché du travail et de leur plus forte propension à occuper des emplois saisonniers ou à cumuler études et emploi", indique le rapport de l'INSEE.