AA/ Antananarivo/ Alain Ilioniaina
Des députés malgaches ont déposé, mercredi, une motion de censure contre le gouvernement, un mois après celle qui avait ciblé le président Hery Rajaonarimampianina, a appris, jeudi, Anadolu de source officielle.
« Une motion de censure contre le gouvernement a été déposée hier [mercredi, ndlr] (...) auprès du Bureau permanent de l'Assemblée nationale », a déclaré à Anadolu Freddie Mahazoasy, vice-président de l'Assemblée nationale.
Certains des signataires rattachent cette motion de censure à un rendement modeste du gouvernement actuel.
« Les affaires nationales ne marchent pas. Le président de la République avait même fait part de son insatisfaction des résultats du gouvernement. Il n'y a plus d'argent dans la caisse de l'Etat et les tensions sociales persistent », a déclaré à Anadolu Guy Rivoniaina Randrianarisoa, du Tiako i Madagasikara « TIM » (J'aime Madagascar, parti de l'ancien président Marc Ravalomanana).
Mahazoasy a, en outre, évoqué 96 signataires. Mais Guy Rivoniaina Randrianarisoa, l'un des trois questeurs à l'Assemblée nationale, a fait part de près de 115 signatures de députés collectées.
Le vote aura lieu vendredi après-midi, soit 48 heures après le dépôt de la motion, selon le vice-président de l’Assemblée nationale.
La motion de censure doit-être, par ailleurs, votée par les deux tiers des 151 députés qui composent l'Assemblée nationale pour être adoptée, soit 102 voix, informe la même source.
Le Premier ministre, le général Jean Ravelonarivo, est issu de la "Plateforme pour la majorité présidentielle" (PMP), représentée par 120 députés, issus de plusieurs partis dont le parti présidentiel, Force nouvelle pour Madagascar "HVM". Il a été nommé le 14 janvier 2015.
Aujourd'hui, Il est difficile de déterminer avec exactitude le rapport des forces à la chambre basse, dans la mesure où certains élus ne respectent pas la consigne de leurs partis ces derniers temps. L'existence d'électrons libres, à savoir les députés sans parti ou "indépendants" complique les choses
Il y a un mois,121 députés, toutes tendances confondues, y compris le TIM de Marc Ravalomanana et certains députés du parti présidentiel HVM ( donc ceux qui avaient présenté le Premier ministre) ont voté la motion de déchéance du président Hery Rajaonarimampianina. L'ossature de cette nouvelle coalition politique hétéroclite a signé la motion de censure contre le gouvernement.
La démarche entamée par les députés contre le gouvernement intervient après l'échec de la tentative de déchoir le chef de l'Etat le 27 mai. La décision de la Haute cour constitutionnelle (HCC) de qualifier la requête contre le président Rajanarimampianina de « non-fondée » le 12 juin, n'a pas calmé les tensions entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
Les discussions entre Hery Rajaonarimampianina et les députés frondeurs, dans le cadre d'un « pacte de responsabilité » décidée par la HCC, ont à peine commencé. « Désormais, ces discussions sont rompues », assure Guy Rivoniaina Randrianarisoa.
Le gouvernement de Jean Ravelonarivo se trouve dans une situation inconfortable. Outre la pression politique de l'Assemblée nationale, il doit faire face à un autre front social.
Une quarantaine de syndicats ont d'ailleurs lancé un ultimatum de 48 heures à son encontre, qui expire vendredi, pour résoudre un problème syndical.
Mercredi, une association syndicale a, entre autres, exigé une série de limogeages de plusieurs responsables, à commencer par le ministre du Tourisme, des Transports et de la Météorologie à qui elle reproche la mauvaise gestion de la grève des salariés de la compagnie aérienne malgache Air Madagascar.