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Burundi: la libéralisation de la filière thé porte déjà ses fruits

L’arrivée d'un opérateur privé a stimulé l’Office du thé du Burundi, l’entreprise publique jusque là chargée d’assurer la production et la commercialisation du thé.

30.10.2014 - Mıse À Jour : 30.10.2014
Burundi: la libéralisation de la filière thé porte déjà ses fruits

AA/ Bujumbura/ Jean Bosco Nzosaba

Initialement boudée par l’Office du thé du Burundi (Otb) qui redoutait la concurrence dans un domaine où il jouit d’un monopole historique depuis 1971, l’arrivée, en 2011 de la première société privée d’usinage de thé, commence à porter ses fruits.

«La culture du thé attire les paysans aujourd’hui plus qu’hier, car avec la libéralisation de la filière en 2011, le prix au kilo de la feuille verte est passé de 0.14 à 0.25 $ aujourd’hui, l’entreprise publique de transformation et de commercialisation du thé a été obligée de revoir à la hausse le prix, de peur que les paysans ne vendent tout à la société privée », a expliqué à Anadolu Anatole Niyondiko, théiculteur de la commune Gisozi, centre du Burundi.

Les premiers bénéficiaires directs de la libéralisation de la filière thé sont ainsi les théiculteurs burundais. « Nous avons désormais la liberté de vendre à la société privée ou aux usines publiques appartenant à l’Office du thé », a expliqué, à Anadolu, Nicaise Nikondeha, théiculteurs de Bisoro, province Mwaro (centre, 75 km de Bujumbura).

Sur injonction de ses partenaires financiers, notamment le Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale(BM) qui prônent la libéralisation des filières agricoles, le Burundi a, depuis 2007, libéralisé la filière thé.

Des investisseurs privés ont profité de cette ouverture pour monter la première usine à thé, PROTHEM. Elle est opérationnelle depuis trois ans. «Nous voulons atteindre une production annuelle de 2500 tonnes de thé sec en 2016», a déclaré Epitace Bayaganakandi, un de ses promoteurs, à Anadolu.

L’arrivée de cet opérateur privé a aussi stimulé l’entreprise publique  jusque là chargée d’assurer la production et la commercialisation du thé. L’OTB s’efforce, en effet, depuis trois ans, de réhabiliter ses usines de transformation du thé avec l’appui financier de l’Union Européenne.

En 2010, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) a intégré le Burundi dans un projet sous-régional visant à certifier sur base des normes ISO 22000 des entreprises de l’EAC (East African Community). Aujourd’hui, c’est le respect des normes qui est dans le viseur. 

«Nous avons consacré cette année 2014 au respect des normes internationales en nous soumettant au contrôle de la qualité, c’est ainsi qu’en mars dernier, deux de nos 5 usines ont été certifiées comme respectant les normes environnementales et d’hygiène sur toute la chaîne de production », a indiqué, à Anadolu, Herman Tuyaga, Directeur général de l’Office du thé du Burundi.

L’outil de production est aussi en voie de modernisation. « Entre 2007 et 2010, nous avons pu renouveler les outils de production (machines) grâce à un montant de 3.6 millions d'euros offert par l'Union Européenne »(4.5 millions de dollars), confie, sous couvert d’anonymat, un cadre de l’OTB.

La production annuelle oscille ainsi autour de 13000 tonnes de thé sec, contre 10.000 tonnes avant l’arrivée de la société privée qui est déjà à près de 3000 tonnes.

Qu’il soit produit par la société privée ou par l’OTB, une bonne partie (90%) du thé burundais est vendue aux enchères de Mombassa (Kenya). Le reste étant cédé par vente directe ou versé au marché local.  Le directeur général de l’entreprise publique chargée de la production et de la commercialisation du thé burundais a indiqué que les enchères de Mombassa sont réalisées auprès de quelques clients européens.

Il a également reconnu que d’autres efforts s’imposent pour redynamiser la filière. Avec une production de près de 13000 tonnes de thé sec par an, en effet, le Burundi reste un nain dans la cour des pays producteurs de thé, même à l’échelle régionale.

Le Rwanda qui dispose d’un territoire assez similaire (climat/superficie) a fortement développé sa production et produit actuellement plus de 20 000 tonnes par an. Reste que les deux pays sont encore bien loin du Kenya, de la même région, qui assure 1/5è de la production mondiale, avec plus de 300 000 tonnes par an.

 
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