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Tunisie: quatre scenario pour un gouvernement

Un jeu d'alliances et de mésalliances partisanes qui pourrait aboutir à la formation d'un cabinet de technocrates.

30.10.2014 - Mıse À Jour : 30.10.2014
Tunisie: quatre scenario pour un gouvernement

AA / Tunis / Adel Thabti

Les résultats non-officiels des élections législatives tunisiennes ont généré une avancée du Mouvement de « Nidaa Tounès » conduit par Béji Caid Essebsi, percée qui aboutira à la formation, somme toute logique, par ce parti du prochain gouvernement, selon les dispositions de la Constitution de janvier 2014. 

Selon des résultats préliminaires diffusés sur la base d’un décompte exclusif établi par Anadolu, « Nidaa Tounès » dispose de 84 sièges, et devra ainsi, pour former un gouvernement à une majorité absolue (50+1), mettre sur pied une coalition qui compte 109 sièges au parlement sur un total de 217 sièges. Ce qui signifie l'adhésion d'autres blocs parlementaires, disposant d’au moins 25 sièges,.

Dans de précédentes déclarations, le chef du parti du « Nidaa Tounes » (Appel de la Tunisie), Béji Caid Essebsi, avait souligné que son Mouvement ne s’allie qu’avec « ceux qui lui ressemblent », tout en n’excluant pas de manière catégorique une alliance avec le Mouvement « Ennahdha », une fois au pouvoir.

Quatre scénario probables de coalitions peuvent être envisagés par « Nidaa Tounès ».

La première hypothèse serait une alliance de « Nidaa Tounès » avec le parti de « Afek Tounès » (Perspectives, Libéral), détenteur jusqu’ici de 9 sièges, et le Front Populaire (FP, 12 sièges). Les 3 sièges restants ou plus seront piochés dans des listes indépendantes ou certains petites listes partisanes..

Cette coalition garantit la majorité absolue au « Nidaa » mais aucunement confortable sur le terrain. Bien que des disparités idéologiques franches séparent entre le Front Populaire d’une part et le « Nidaa » ou « Afek Tounès » d’autre part, il n’en demeure pas moins que le FP et « Afek » sont unis par un rejet de toute alliance avec "Ennahdha".

Parallèlement à cela, Nidaa Tounes s’attend dans ce cas à une forte opposition d’Ennahdha, deuxième bloc parlementaire, qui considère une pareille alliance comme essentiellemnt dirigée à son encontre.
 

La deuxième éventualité serait celle d’une alliance entre « Nidaa Tounès », le Front Populaire et « Afek Tounès » ainsi que l’Union Patriotique Libre (UPL, libéral) qui a glané 17 sièges. Cette coalition, plus large (136 sièges), sera synonyme de 62% des sièges du parlement.

Cependant, l’adhésion de l’UPL à cette coalition sera tributaire d’un accord au sujet de la Présidentielle du 23 novembre prochain, à laquelle sont candidats Béji Caid Essebsi, leader du « Nidaa », et Slim Riahi, chef de l’UPL. Il sera illogique pour chacun d’eux de s’allier au Parlement et de se concurrencer à la Présidentielle.

Une seconde entrave serait de nature à empêcher cette alliance. Un des dirigeants de l’UPL aurait déclaré que son parti est ouvert à toutes les possibilités mais, qu’en cas de coalition parlementaire, il exigerait des portefeuilles ministériels importants, ce que rejetterait le Mouvement « Nidaa Tounès ».

La troisième possibilité serait une alliance avec Le Mouvement "Ennahdha", qui offrirait à « Nidaa Tounès » une majorité confortable (150 sièges) de l’ordre de 70%.

Ainsi, « Nidaa Tounès » renoncerait à toute alliance avec le Front Populaire et « Afek Tounès » qui rejettent catégoriquement toute coalition avec le Mouvement d’obédience islamique.

Néanmoins, Il demeure « ardu » pour « Nidaa Tounès », qui compte en son sein une aile farouchement opposée idéologiquement au courant islamiste, d’opter pour ce choix qui pourrait générer des scissions internes au sein du parti, voire même un retrait de plusieurs élus et mettrait en péril le bloc parlementaire en entier.

Il n‘en demeure pas moins qu’une pareille coalition éviterait au « Nidaa Tounès » toute opposition significative au sein de l’hémicycle.

L’agence Anadolu a appris de sources politiques que des contacts « prospectifs » ont eu lieu entre les deux « grands » partis au sujet d’une éventuelle coalition, d’autant plus que « Ennahdha » avait appelé avant la tenue des élections à former un gouvernement d’union nationale.

Au cours de ces contacts, « Ennahdha » a, notamment, évoqué la « neutralisation » des départements régaliens (Affaires étrangères, Défense, Intérieur) pour qu’ils soient octroyés à des technocrates n’appartenant à aucune chapelle politique et ancrer, ainsi, le principe du consensus national.   

Les mêmes sources n’excluent pas des "interventions étrangères de parties régionales" hostiles au courant islamiste pour exercer une pression sur « Nidaa Tounès » afin de ne pas engager une pareille alliance, au moment où une tendance pragmatique au sein du parti estimerait que la présente phase de la démocratie naissante en Tunisie commande d’opter pour le consensus.  

La quatrième supposition consiste en la formation d’un cabinet de technocrates. En effet, la difficulté de parvenir à composer un gouvernement de coalition de différents courants politiques, poussera « Nidaa Tounès » à lancer l’idée d’un « gouvernement de technocrates indépendants » qui sera appuyé par la majorité, voire l’ensemble, des partis politiques et ne sera pas soutenu par une majorité parlementaire déterminée.

Des sources politiques, généralement bien informées, ont estimé improbable, l’acceptation par le Mouvement « Ennahdha » de cette idée, tout particulièrement, si parmi les ministres technocrates figureraient des personnalités proches de « Nidaa Tounes ».  

Rappelons que la coalition du « gouvernement de la Troïka issue des élections de l’Assemblée Constituante de 2011, se composait de 138 députés sur un total de 217 (soit 63,5%). La Troïka comportait 89 députés du Mouvement  « Ennahdha », leurs 29 homologues du Congrès pour la République (CPR) qui était conduit par le président sortant Moncef Marzouki et 20 représentants du Front Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL).

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