AA/ Ségou (Sud Mali)/ Baba Ahmed

Le festival de Ségou, le plus grand rendez-vous artistique organisée sur le fleuve Niger dans la ville malienne éponyme, dans le Sud du pays, a enregistré un franc succès lors de sa 11ème édition, avec des spectacles au rythme de l'histoire du Mali.

Des stars africaines de musique comme Amadou et Mariam, Oumou Sangaré, Cheick se sont produits sur scène, en l'espace de 4 jours qu'aura duré le festival (du 4 au 8 février), encore que le grand rendez-vous de ce festival a été, ainsi qu'il en a été depuis sa création en 2005, la musique traditionnelle du Mali et la grande course des pirogues sur le fleuve Niger auquel ce festival s'identifie.

La course des pirogues, emblématique de ce festival, amène beaucoup de monde à Ségou à la rencontre de l’histoire des populations de l'ancien Royaume bambara de Ségou (fin XVII jusqu'en 1861). Cette année, elle met en compétition cinq villages riverains du fleuve Niger.

« Dans le temps, les Somo (ethnie au Mali) étaient chargés de faire traverser les guerriers lors des expéditions, mais aussi d’amener les poissons à la cour royale et à la population. Ils ont comme activité principale la pêche et le sport nautique. Cette course de pirogue est une course de cohésion sociale entre les sociétés de Ségou et les peuples riverains », explique Soumana Kané, responsable des troupes traditionnelles du festival sur le Niger, dans une déclaration à Anadolu.

La course de pirogue n’est pas la seule activité appréciée par les populations de Ségou, il y a aussi la danse traditionnelle, un mélange de comédie, de dialogue social et de réconciliation entre communautés. La plus connue;  celle des Dogons, un peuple qui vit dans les montagnes, de la région de Mopti, au centre du pays, qui se fait avec des masques en bois.

« On danse pendant des cérémonies pour rendre hommage à un vieux sage, à une personne décédée. Cette danse avec les masques sert également à rendre hommage aux hommes  du village qui se sont distingués par leur bravoure lors des guerres » selon Hambaga Tembely, membre du groupe de danse Dogon, à Anadolu.

Il ajoute, « Chaque masque avec lequel on danse a une signification et son propre rythme de danse. Par exemple, ce qu'on appelle le masque Canada représente le Monde. Nous avons aussi des casques qui représentent la plus belle femme du village ».

Lors du festival de Ségou se sont également illustrés les adeptes de la danse Korodouca, ou encore, la danse des fous réconciliateurs. Dans l’histoire lointaine du pays, cette danse rendait le roi de bonne humeur.

« Nous dansons pour réconcilier les peuples en guerre. Nous dansons avec des habilts déchirés. Lorsque le roi est fâché, quand il nous voit s’habiller de la sorte, il commence à rire. Les Bambara (fondateur du royaume de Ségou, ndlr) nous appellent les fous du roi », explique Ibrahim Dembelé, président du groupe Korodouca, à Anadolu. 

Malgré la crise sécuritaire sévissant dans le Nord du pays et la maladie à virus Ebola dont le Mali avait été victime (6 morts selon l'Organisation Mondiale de la Santé-OMS), le pari de l’organisation est gagné selon Attager Maiga, chargé de relation avec la presse, dans une déclaration à Anadolu.

« Nous avons eu cette année, 30 000 festivaliers, beaucoup plus que l’année dernière où nous étions autour de 20.000 », se félicite Maiga. Pour les visiteurs de l'Afrique de l'Ouest, mais également de pays euopéens, le rendez-vous est donné pour l’année prochaine, au même mois de février, toujours sur le fleuve Niger à Ségou.